BERLIN / ALLEMAGNE
Ouvert en 2006, le DDR-Museum figure parmi les dix musées les plus fréquentés de la capitale allemande.
Berlin. Les musées peuvent parfois combler des vides et rattraper des erreurs. Au lendemain de la réunification, les Berlinois ont cherché à effacer tous les symboles de la guerre froide. À peine 1 % des 155 km du mur qui a coupé la ville en deux pendant vingt-huit ans a été conservé. Plus de 90 % du béton armé de cette cloison a été broyé pour servir de fondation à l’autoroute A20 qui relie la région côtière de la mer Baltique au réseau de transport ouest-allemand. Le Palais de la République, qui était le siège du Parlement est-allemand, mais aussi un important lieu culturel et de rencontre où les gens venaient se restaurer et assister à des concerts, a été rasé en 2006 pour laisser place à la reconstruction de l’ancienne résidence principale des Hohenzollern, détruite par les bombardements alliés en 1945. « La ville aujourd’hui n’a plus beaucoup de liens avec son passé récent, regrette Gordon Freiherr von Godin, 49 ans, le directeur du DDR-Museum [musée de la RDA]. Cette particularité est une des raisons du succès de notre musée, qui attire chaque année entre 520 000 et 590 000 visiteurs, car il permet aux curieux de découvrir la vie quotidienne des Allemands de l’Est et de s’informer sur l’histoire de ce pays disparu. »
Situé au bord de la rivière Spree juste en face de la cathédrale et tout près de l’ancien Palais de la République (tout un symbole…), le DDR-Museum est un des dix musées les plus visités de Berlin. Son espace d’une surface de 1 100 m2 ne permet d’accueillir que 300 personnes à la fois, mais en pleine saison, près de 2 700 visiteurs acceptent de patienter à l’entrée pour découvrir ses collections. Ce lieu est à la fois ludique et didactique.
Les surveillances de la Stasi, les produits dopants donnés aux athlètes dès leur plus jeune enfance, les résidences de luxe accordées aux membres du parti et les pénuries dans les magasins d’alimentation sont décrites dans leur moindre détail. « Mais nous souhaitons aussi être plus légers et divertissants en montrant le quotidien des Allemands de l’Est, assure Gordon Freiherr von Godin. Notre musée comprend ainsi notamment un salon typique de RDA avec le célèbre buffet “Carat” que l’on retrouvait dans de très nombreux foyers. »
80 % des visiteurs sont des touristes et la moitié d’entre eux sont étrangers. Inauguré en juillet 2006 sur un espace de seulement 380 m2 – agrandi en 2016 –, le DDR-Museum a néanmoins du mal à séduire les anciens Allemands de l’Est. « Les Ossies ont souvent l’impression qu’ils n’ont pas besoin qu’on leur dise comment était leur vie d’avant », analyse Gordon Freiherr von Godin, qui a longtemps travaillé dans l’hôtellerie pour un groupe américain. « Ils pensent que les objets exposés vont leur rappeler la grisaille, la tristesse et les pénuries de leur jeunesse, mais quand ils voient nos collections, de nombreux souvenirs heureux leur reviennent à l’esprit. » Les touristes achètent, eux, dans la boutique un petit morceau du Mur collé sur un présentoir en plastique ou un tee-shirt sur lequel est inscrit : « Le parti a toujours raison. » Le capitalisme a remporté sa bataille contre le communisme au musée de la RDA…
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Un air de guerre froide flotte sur le DDR-Museum
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°529 du 20 septembre 2019, avec le titre suivant : Un air de guerre froide flotte sur le DDR-Museum