Tokyo ne désespère pas

Nouvelle tentative pour faire resurgir les œuvres cachées

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 8 octobre 1999 - 500 mots

Un grand nombre d’œuvres d’art acquises dans les années quatre-vingt par des entreprises et des banques japonaises, comme les Noces de Pierrette de Picasso, ont disparu (lire les JdA n° 65, 28 août 1998, et 87, 27 août 1999). Selon notre confrère, le Nihon Keizai Shimbun, le Musée d’art moderne de Tokyo, en collaboration avec de grands musées américains et européens, va créer une structure pour faciliter leur réapparition et leur vente.

TOKYO - Avant la fin de l’année, le Musée d’art moderne de Tokyo va mettre en place, en collaboration avec quelques-unes des grandes institutions occidentales, une structure permettant de solutionner le problème des œuvres d’art détenues par les entreprises japonaises et l’Administration nationale des Impôts. Ils délivreront des certificats d’authenticité aux œuvres achetées – très cher – à l’étranger lors de la période de flambée du marché, afin d’inciter leurs propriétaires à les mettre en vente en leur indiquant quel prix ils peuvent actuellement en demander. À la suite d’une réforme du système de comptabilité japonais, de nombreuses entreprises vont devoir réévaluer leurs œuvres d’art. Le musée pense que la demande pour ce type de service sera importante.

Une nouvelle institution sera créée pour authentifier les œuvres, en collaboration avec des musées occidentaux comme l’Art Institute de Chicago et le Musée Van Gogh à Amsterdam. Sur l’Internet, ils pourront échanger des informations sur l’authenticité et les prix du marché. La commission, négociable, prélevée pour ce service sera au maximum de 10 % du prix de l’œuvre. Environ 6 millions de dollars de ventes sont attendus la première année.

La valeur totale des peintures et antiquités que les entreprises japonaises ont acquises pendant les années fastes est estimée à plus d’un milliard de dollars, mais leurs prix ont chuté de façon spectaculaire. Comme leurs propriétaires en ignorent la valeur marchande actuelle, ils ne peuvent pas les mettre en vente, même aux enchères, et, dans de nombreux cas, ces biens sont traités comme des avoirs irrécouvrables. Avec la réforme du système comptable, il sera obligatoire de donner aux objets d’art leur valeur réelle, mais l’on peut prévoir que beaucoup d’autres sociétés seront forcées de rendre public le contenu de leurs collections à la demande de leurs actionnaires. Le Musée d’art moderne de Tokyo se chargera d’authentifier les œuvres détenues en garantie par les banques, les personnes qui n’avaient pas les moyens de régler les droits de succession ayant dû remettre leurs biens à l’Administration nationale des Impôts.

En premier lieu, “un groupe de recherche pour un système de gestion des œuvres d’art en toute sécurité “ va être constitué par le musée. Outre les ministères des Finances, de la Culture et du Commerce, de grandes entreprises comme la Century Audit Corporation, Asahi & Co., Mitsui Maritime Capital Co. et la Mitsubishi Trust & Banking Corporation mettront une vingtaine de personnes à la disposition de la nouvelle structure. Le musée tiendra une réunion mensuelle et décidera de la façon dont les membres participeront au projet et étudieront son mode de fonctionnement.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : Tokyo ne désespère pas

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