Les dernières recherches menées sur le site de la ville de Calakmul, l’une des plus grandes cités mayas jamais découverte, ont confirmé son statut hégémonique durant la période classique récente, jusqu’à ce qu’elle soit soumise par sa rivale Tikal à la fin du VIIe siècle. Quelques pièces remarquables de l’art maya ont également été exhumées, ainsi qu’un système de canalisations et de réservoirs d‘eau.
CAMPECHE (MEXIQUE) - Encore partiellement envahie par la jungle, Calakmul est ouverte depuis peu aux voyageurs qui s’aventurent dans l’une des régions les plus préservées du Yucatán méridional. La ville s’étendait sur quelque 70 kilomètres carrés et avait une population d’environ 50 000 habitants. D’après les glyphes aujourd’hui déchiffrés, elle était la capitale d’un état régional qui a longuement lutté contre Tikal, par un jeu d’alliances complexes, pour le contrôle du pays tout entier. Le conflit prit un tour dramatique pour Calakmul le 5 août 695, lorsque le roi Griffe-de-Jaguar fut défait et sacrifié par le souverain de la cité ennemie. Cet événement allait marquer le début du déclin de la cité. En l’espace d’une cinquantaine d’années, Calakmul fut abandonnée par ses principautés-satellites et son empire démantelé. La ville elle-même conserva néanmoins une certaine importance jusqu’au milieu du IXe siècle. Mais à cette époque, qui vit l’effondrement général de la civilisation maya, une épouvantable sécheresse acheva de la dépeupler. Confirmant les données de l’épigraphie, les fouilles ont révélé un centre cérémoniel digne d’une superpuissance.
Trois masques en jade
La place principale, protégée par un mur d’enceinte haut de six mètres et large de deux, sur une longueur d’environ un kilomètre, était fermée au nord par une plate-forme à degrés de 24 mètres de haut et, au sud, par une pyramide haute de 55 mètres sur laquelle étaient édifiées des structures d’habitation et de culte. Sur le côté occidental, se dressaient une construction et trois temples, alignés dans l’axe du lever du soleil aux solstices et aux équinoxes. Autour de ces structures et sur le reste du territoire de la cité, environ 120 stèles ont été retrouvées, soit plus que sur tout autre site maya. Malheureusement, en raison de la fragilité de la pierre employée localement, elles sont souvent très érodées et de lecture difficile. Les archéologues ont également découvert que le secteur central de la ville (environ 22 kilomètres carrés) était entouré d’un système de canalisations et de réservoirs d’eau, d’une capacité globale d’au moins 200 millions de litres.
Toutefois, malgré la monumentalité de ces structures architecturales, c’est dans le domaine de l’art que Calakmul s’est révélée à la hauteur de la plus grande tradition maya. Les tombes découvertes à l’intérieur de ces constructions recelaient des terres cuites (vases cylindriques, marmites à quatre pieds, etc.) et des masques d’une grande beauté. Trois masques et trois plaques de jade d’un extraordinaire intérêt, qui faisaient partie du mobilier funéraire d’un haut personnage – peut-être l’un des souverains fondateurs de la grandeur de la cité –, ont été découverts dans la tombe n° 1 du palais de Lundell. Ces masques très expressifs, constitués de dizaines de morceaux de jade (170 pour l’un d’entre eux), avec des yeux et des dents en coquillages, égalent assurément le très célèbre masque trouvé dans le temple des Inscriptions à Palenque.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Superpuissances mayas
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Superpuissances mayas