Au printemps 2008, le Louvre inaugurera un nouvel espace dédié à la peinture anglaise, une première pour le grand musée parisien.
PARIS - Interdit de sortie de territoire britannique en mai 2004, Designs for Blair’s Grave, un ensemble de dix-neuf aquarelles de William Blake, a finalement été dispersé et vendu aux enchères le 2 mai 2006, chez Sotheby’s, à New York, les autorités n’ayant pu trouver les fonds nécessaires à leur acquisition. Ce fonds unique, exécuté en 1805 pour illustrer le poème The Grave, de l’Écossais Robert Blair, a été redécouvert en 2001. Parmi ses acheteurs, le Musée du Louvre s’est distingué en acquérant le superbe Death of the Strong Wicked Man pour 1,2 million d’euros, et ce grâce à la Société des amis du Louvre. Quelques mois plus tard, l’institution parisienne s’offrait Le Pandemonium (1841), de John Martin, conservé dans son cadre d’origine, orné de serpents et dragons. En 2006 également, Aiguille verte entre Chamonix et Martigny, une aquarelle de John Robert Cozens (1752-1797), avait fait son entrée dans les collections du Louvre après avoir été adjugée chez Sotheby’s à Londres.
Loin d’être le fruit du hasard, ces achats correspondent à une politique d’enrichissement des collections anglaises, en vue de l’ouverture au Louvre d’une salle consacrée à la peinture britannique prévue dans le courant du premier semestre 2008. Entièrement dévolu aux créations outre-Manche, ce nouvel espace d’une superficie de 350 m2 devrait permettre d’exposer quelque 70 œuvres. C’est une première, puisque aucun espace n’était dévolu jusqu’à présent aux artistes anglais. « C’est une action très longue, menée depuis plus de trente ans. Michel Laclotte s’est beaucoup préoccupé de cette question et a fait rentrer des œuvres capitales comme le Turner ou le Füssli », explique Guillaume Faroult, qui vient de prendre les rênes de la collection britannique. Il succède à Olivier Meslay, appelé par Pierre Rosenberg au département des Peintures en 1993 pour s’occuper spécifiquement du fonds britannique. Parmi les fleurons de la collection, citons le Master Hare (1788) de Joshua Reynolds, le portrait de Mr et Mrs John Julius Angerstein (1792) de Thomas Lawrence, ou encore Lady Macbeth somnambule (1784) de Johann Heinrich Füssli. Manque seulement à l’appel une œuvre de William Hogarth dont la rétrospective organisée au Louvre à l’automne 2006 (lire le JdA no 246, 3 novembre 2006, p. 10) a réuni 220 000 visiteurs, un succès pour le moins inattendu. Rendue possible grâce au mécénat de Michel David-Weil, la future salle permettra de parcourir l’histoire de la peinture anglaise du XVIIe siècle au début du XXe siècle avec des pièces maîtresses signées Gainsborough, Lawrence, Reynolds, Romney, Constable ou Turner. De l’autre côté de la Manche, l’événement est perçu comme une petite révolution culturelle. « Les Anglais ont du mal à croire que les Français s’intéressent à l’art anglais, alors que les liens artistiques unissant les deux pays sont très anciens. Des artistes comme David ou Watteau se sont beaucoup inspirés de l’art britannique », rappelle Olivier Meslay. Ce dernier est en train d’achever l’inventaire des œuvres anglaises dans les collections des musées français, qui sera consultable d’ici à la fin de l’année sur le site du Louvre. Des établissements comme le Musée Jacquemart -André, à Paris, le Musée Condé à Chantilly, mais aussi les musées des beaux-arts de Lyon et Bordeaux, témoignent déjà dans l’Hexagone du rôle essentiel joué par les artistes britanniques dans l’histoire de l’art européen des XVIIIIe et XIXe siècles.
(1) www.louvre.fr
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« So british ! »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°253 du 16 février 2007, avec le titre suivant : « So british ! »