Après plus de trois ans de tractations, une convention vient d’être signée entre la Caisse d’épargne de Florence et la surintendance aux Biens artistiques et historiques en vue de la restauration du Persée avec la tête de Méduse, de Benvenuto Cellini. L’institution bancaire prend entièrement à sa charge l’intervention, pour l’équivalent de 3,3 millions de francs.
FLORENCE - Après le sommet européen du 21 juin à Florence, le Persée de Benvenuto Cellini (1500-1571), exposé dans la Loge des Lanzi de la place de la Seigneurie, sera transféré dans l’une des grandes salles du rez-de-chaussée du Musée des Offices pour y être restauré. Un échafaudage transparent construit autour de la statue permettra au public de suivre les travaux. L’ensemble de l’intervention sera évidemment fort complexe, à commencer par le transfert, qui nécessitera d’enchâsser la statue dans une structure rigide pour la faire pénétrer aux Offices sans la pencher. La sculpture présente en effet des faiblesses au niveau de la cheville et du pied droits – sur lesquels pèsent les deux tonnes et plus de la statue – , dont Cellini était lui-même conscient : "J’ai trouvé que les doigts n’étaient pas bien venus, pour ce pied-là, et plus encore que les doigts, il manquait de la matière au peu au-dessus, de sorte que la statue était comme bancale".
Divers spécialistes seront consultés pour la restauration de l’œuvre commandée par Cosme Ier de Médicis : chimistes, physiciens, et même ingénieurs aéronautiques. Des instruments servant à déceler les microfractures sur le bord d’attaque des ailes et des réacteurs d’avion seront en effet utilisés pour identifier d’éventuelles fêlures autour du pied.
Un seul et unique mécène
Exposée en plein air pendant plus de quatre cents ans sous une sorte d’avant-toit, l’enveloppe du Persée a subi d’importantes dégradations. La partie antérieure, battue par le vent et les pluies plus ou moins acides, présente une corrosion uniforme, caractéristique des bronzes de plein air. La partie postérieure, protégée par la voûte de la loggia, n’a reçu que des éclaboussures, à l’origine de points de corrosion en forme de petits cratères encore plus destructeurs que la corrosion uniforme de la partie antérieure. Les parties les plus fragiles sont situées au contact de l’avant et de l’arrière de la statue, à la lisière de deux micro-environnements qui semblent relever de deux univers différents.
Le superbe piédestal de marbre sur lequel se dresse la statue ne présente pas moins de problèmes. Là encore, les différences entre l’avant et l’arrière sont bien visibles : les pieds des nymphes, dans la partie antérieure, ont perdu de leur volume, et l’accumulation de crasse sur la partie postérieure a entraîné une série de réactions physico-chimiques extrêmement dangereuses.
La restauration, qui devrait durer environ deux ans à compter du mois de septembre, sera la plus "discrète" possible, dans le respect de l’état actuel de la statue, etsans fixer d’objectifs qui seraient dangereux ou falsificateurs. Le coût global de l’opération, entièrement pris en charge par la Caisse d’épargne de Florence, est d’environ un milliard de lires (3,3 millions de francs). En échange, l’institution bancaire pourra utiliser le Persée pour sa publicité, pour éditer des médailles et des insignes, et même pour intituler un nouveau fonds d’investissements.
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Seconde jeunesse de Persée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Seconde jeunesse de Persée