Sur les quatre musées de Saintes, en Charente-Maritime, le Musée du Présidial est fermé et le Musée Dupuy-Mestreau est quasiment inaccessible au public. Ce dernier, un hôtel particulier XVIIIe, requiert d’importants travaux de modernisation. Une charge importante pour cette ville de 25 000 habitants. L’association des Amis des musées tire la sonnette d’alarme.
SAINTES - « La situation est absolument dramatique » : Philippe Ravon, président de l’association des Amis des musées de Saintes, ne décolère pas. Son association, qui comporte 220 adhérents, a décidé de tirer la sonnette d’alarme sur la situation des musées de la ville de Saintes (Charentes-Maritimes), dont la moitié est aujourd’hui inaccessible au public.
La ville où Bernard Palissy établit son activité au XVIe siècle est pourtant riche d’un patrimoine régional gallo-romain, médiéval et classique. La municipalité gère le Musée de l’Échevinage, qui présente une collection de beaux-arts moderne du XIXe au XXe siècle, le Musée archéologique exposant les collections lapidaires provenant des fouilles de la ville, le Musée du Présidial, abritant la collection de peintures et céramiques anciennes, et enfin le Musée Dupuy-Mestreau, évoquant dans un hôtel particulier aristocratique les arts et traditions de Saintonge. Or, deux de ces quatre musées ne sont plus ouverts au public : le Musée du Présidial, fermé depuis 2009, et le Musée Dupuy-Mestreau, fermé en 2015 et ouvert uniquement sur rendez-vous depuis l’été.
En 2009, la précédente municipalité décide de fermer le Musée du Présidial, expliquant que le bâtiment, ancien hôtel particulier édifié au XVIIe pour le président du tribunal de Saintes, classé en 1919, était « à l’étroit, peu accessible et difficilement aménageable pour les personnes à mobilité réduite, mal adapté à la fonction Musée ». L’équipe municipale d’alors argue d’un projet d’extension du Musée de l’Échevinage, pour accueillir les collections du Présidial. « Nous avons longuement empêché la fermeture du Présidial, mais nous avons perdu la bataille », se remémore Philippe Ravon. Le projet d’extension est en sommeil et le Présidial, un temps évoqué à la vente, est resté dans le giron de la Ville, devenant une réserve pour les œuvres d’art, dont certaines ont été transférées dans l’Échevinage. Entre-temps, des travaux sont entrepris sur le beffroi de l’Échevinage en 2012, sans pour autant agrandir les espaces d’expositions.
Un avenir incertain
Au cours des élections municipales de 2014, le programme de Jean-Philippe Machon, le maire actuel (DVD), évoque la possibilité de créer un « musée à ciel ouvert » pour présenter le patrimoine archéologique et la volonté de « donner une ligne artistique précise aux musées ». « À Saintes, on voit arriver des maires qui ont tous leurs marottes différentes », soupire Philippe Ravon. À l’été 2015, le Musée Dupuy-Mestreau ferme à son tour pour procéder à un « travail de conservation préventive des fonds et de récolement des collections », selon la page internet du musée. La mairie assure qu’il n’est pas question de fermer définitivement le lieu, et qu’il est toujours visitable « sur rendez-vous ». « C’est un musée qui n’est pas fermé, mais qui n’est pas ouvert non plus, une fermeture qui ne dit pas son nom ! », rétorque Philippe Ravon. Pour l’association des Amis, cette fermeture partielle est celle de trop. « Le Musée Dupuy-Mestreau présente une gamme d’objets très particulière, représentative de la petite aristocratie de province, et que l’on voit rarement dans les musées », plaide Philippe Ravon. Le musée, créé par un particulier négociant en cognac dans les années 1920, a été racheté par Saintes en 1992. Le bâtiment, un hôtel particulier construit en 1738, siège de la préfecture de 1790 à 1810, nécessite des travaux de modernisation d’envergure. Selon la presse locale, la fin de la gratuité des musées de la ville décidée par le conseil municipal en avril 2015 pourrait dégager un budget destiné à la rénovation du lieu, sans qu’un projet précis ne soit évoqué.
Durant l’été, une exposition consacrée au peintre Jean Geoffroy (1853-1924), reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication, a attiré plus de 7 000 visiteurs au Musée de l’Échevinage, un beau succès pour l’institution. Mais la présentation de cette grande monographie – initiée par l’association des Amis – a occupé l’intégralité du musée, entre mai et octobre. Durant cette période, une seule collection permanente était donc visitable, celle du Musée archéologique. « Tout l’été, les visiteurs se sont cassé le nez sur les autres collections de nos musées », déplore Philippe Ravon. L’association a interpellé la municipalité en décembre, sans réponse jusqu’à présent.
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Saintes - Deux musées sur quatre sont fermés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°452 du 4 mars 2016, avec le titre suivant : Saintes - Deux musées sur quatre sont fermés