Saint Paul
Le sujet n’est pas clairement identifié. Le personnage central semble inspiré de la figure de saint Paul prêchant à Athènes, épisode tiré d’une tenture de Raphaël. Les Actes des Apôtres ne mentionnant aucune guérison d’un possédé, il pourrait s’agir d’un miracle que le saint aurait commis devant Néron avant son supplice. La position à genoux du miraculé est proche de celle du prisonnier que peint Simon Vouet, en 1640, au premier plan du tableau d’autel conservé à l’église Saint-Merri, à Paris. Au-delà de cet emprunt, le tableau est novateur par son classicisme qui relève déjà de l’atticisme parisien, ce qui fait de lui un jalon important dans l’évolution de la peinture française du XVIIe siècle.
Vers 1645-1646
Cinq ans après avoir quitté l’atelier de Simon Vouet, Eustache Le Sueur (1616-1655) est reçu maître-peintre en 1646 sur présentation de son morceau de réception qui n’est autre que le tableau acquis par le Musée Fabre. Il aurait été peint entre juillet 1645 et mai 1646, quand la profession de l’artiste est décrite sur les actes de baptême de ses deux fils où il apparaît alternativement comme peintre, puis maître-peintre.
Morceau de réception
En 1646, Le Sueur offre son morceau de réception à la communauté parisienne des peintres et sculpteurs, dite Académie de Saint-Luc. Le tableau reste accroché dans la salle d’assemblée de la communauté jusqu’à sa dissolution, en 1776. Saisie en 1797, la toile n’est pas retenue par le Museum central et passe, en 1804, dans la collection de Lucien Bonaparte. Vendue en 1816, on perd sa trace, et la toile ne réapparaît qu’en 1994 sur le marché de l’art londonien. Cédé par la Galerie Colnaghi, en 1997, le tableau sera ensuite déposé au Fogg Art Museum de Harvard, entre 1998 et 2005.
Fondation d’entreprise
L’acquisition a été rendue possible grâce au mécénat de la Fondation d’entreprise du Musée Fabre créée en 2008. Présidée depuis 2014 par Max Ponseillé, PDG du groupe Oc Santé, elle regroupe aujourd’hui près de trente sociétés. Grâce à leur soutien, au moins deux autres tableaux du XVIIe siècle ont rejoint les collections du musée : le
Paysage au dieu fleuve de Nicolas Poussin, en 2010, et
Le Martyre de sainte Agathe d’Andrea Vaccaro, en 2013.
250 000 euros
Il arrive que les musées fassent de bonnes affaires ! C’est le cas du Musée Fabre qui s’est vu adjuger pour 250 000 euros, au lieu des 350 000 à 400 000 euros de l’estimation, le grand tableau d’Eustache Le Sueur proposé aux enchères le 9 novembre dernier par la SVV Leclere, à Drouot.