Rome : la France soigne les monuments qu’elle occupe

Les fouilles continuent

Le Journal des Arts

Le 11 juin 1999 - 502 mots

Depuis 1981, la Villa Médicis voit se succéder des chantiers de fouilles financés par l’École française de Rome, à l’initiative d’André Chastel, pour des petits budgets d’environ 70 000 francs. Le programme, qui devrait se poursuivre jusqu’en 2005, se propose d’étudier l’occupation de la zone à l’époque romaine.

ROME (de notre correspondant) - Au mois de février, un chantier qui prendra fin en juillet a été ouvert sur la place devant la Villa Médicis. Les fouilles explorent une partie construite au début du Ve siècle. À cette époque, la Domus Pinciana – c’était son nom – devient une grande résidence impériale, dévastée en 410 par les Wisigoths du roi Alaric Ier. Après un nouveau pillage ordonné par Théodoric le Grand et destiné à embellir les monuments de Ravenne, la dernière intervention connue remonte au VIe siècle, sous l’empereur Justinien, lorsque le général byzantin Bélisaire fait construire sous la Villa une énorme citerne, parfaitement conservée.

“Jusqu’à la fin des années quatre-vingt, nous nous sommes concentrés sur l’emplacement du couvent de la Trinité des Monts, où, d’après des sources de la Renaissance, se dressait l’ancien bâtiment principal, explique le coordinateur des fouilles, Vincent Jolivet. Nous avons retrouvé un monument aux dimensions incroyables, l’équivalent antique de ce que peut être le monument de Victor Emmanuel II dans la Rome moderne. La tradition y voyait la villa de Lucullus, construite sur le modèle du temple de la Fortune de Palestrina. Nous avons démontré qu’il ne s’agissait pas de la villa de Lucullus, ni réellement d’une villa, et que s’il y avait un rapport avec le temple de la Fortune de Palestrina, il était bien différent de ce que l’on aurait pu escompter. Il est amusant que, sur ce territoire français, soit réapparu un monument construit par un Gaulois, un certain Valerio Asiatico : à l’époque de Claude, au Ier siècle, il était propriétaire des jardins de Lucullus, qui existaient déjà à une période tardive de la République”. Un important projet de réhabilitation concerne une maison médiévale aux murs romains, s’appuyant juste sous le portique qui couronnait le grand monument de Valerio Asiatico.

L’atelier de Balthus
Seules quelques-unes des fouilles conduites jusqu’à présent ont été recouvertes, par exemple dans l’atelier de Balthus où des dalles de verre laissent voir des vestiges romains, dont le squelette d’une jeune fille. Il y a un an, une salle en abside du IIe siècle, avec un étonnant pavage en marbre à motifs, a été découverte dans le Giardino dei Limoni. Les fouilles y débuteront à l’automne, et il est prévu de laisser le sol apparent pour ensuite exposer des pièces antiques dans les espaces contigus. On devrait en outre chercher à recomposer le décor à panneaux figurés des murs, retrouvé en une multitude de petites plaques de marbre et de verre sur le sol antique. Les fouilles pourraient réserver des surprises dans les parties encore inexplorées voisines. Des recherches sont en projet, en collaboration avec la Surintendance municipale sur l’avenue Trinità dei Monti, ainsi qu’un petit sondage juste devant la Villa Médicis.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°85 du 11 juin 1999, avec le titre suivant : Rome : la France soigne les monuments qu’elle occupe

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque