À mesure que se rapproche l’échéance de l’an 2000, les différentes institutions concernées par le Jubilé multiplient les initiatives. Après la rencontre organisée par l’Université pontificale du Latran et la formation de groupes de travail au Vatican, l’État italien s’engage à son tour.
ROME - L’Année sainte, née en 1300 de la volonté du pape Boniface VIII d’augmenter le nombre de pèlerins à Rome, est célébrée tous les 25 ans. La prochaine année jubilaire de l’Église catholique, en l’an 2000, devrait en attirer de 20 à 70 millions. Pour faire face à cet afflux de visiteurs, Mario Serio, directeur général des Biens culturels, a nommé une commission qu’il préside, ainsi qu’un groupe de travail spécifique.
À l’instar du fameux pèlerinage des sept églises, qui se limitait aux édifices extra-muros (à l’exception de la basilique Sainte Marie Majeure), l’intention des pouvoirs publics est de mettre en valeur des monuments situés en périphérie de la ville : tombeaux, catacombes, routes consulaires, aqueducs… en créant des promenades, des itinéraires archéologiques, des zones piétonnes et des parcs. Ceci parallèlement aux nombreux chantiers déjà ouverts dans le centre historique (églises, palais, musées), financés par la loi "Roma Capitale", dont l’achèvement est prévu pour la fin de 1999.
Le but étant de mettre à la disposition du public le maximum d’églises restaurées, de musées ouverts, d’itinéraires archéologiques, historiques et artistiques, sans oublier les moyens de transport adéquats.
Mais les difficultés sont de tous ordres : le budget consacré à "Roma Capitale" suffit à peine à couvrir les dépenses et à poursuivre les chantiers en cours. L’amélioration de l’accueil du public dans les musées, prévue par la loi Ronchey, entraîne des problèmes bureaucratiques et syndicaux. Enfin, l’incertitude du droit en matière d’attribution des travaux publics et la succession des décrets et des règlements engendrent une prudence générale qui pourrait compromettre le programme. Aussi, même si l’ambition de mener à bien un projet d’envergure est réelle, peut-être serait-il préférable de concentrer les efforts sur quelques réalisations phares.
D’ici l’an 2000, l’amphithéâtre Flavien sera restauré
Grâce au versement de 10 milliards de lires sur les 40 promis par la Banco di Roma, la Surintendance archéologique de Rome a lancé un vaste programme de restauration du Colisée, qui devrait s’achever avant l’année du Jubilé.
Les doutes émis sur la nécessité de restaurer le Colisée ont finalement cédé devant les cris d’alarme lancés par les institutions compétentes. Le rapport Memorabilia diligenté par le ministère des Biens culturels pour recenser les priorités nationales dans le domaine de la restauration, plaçait en effet l’amphithéâtre Flavien en tête de toutes les urgences.
La première décision a donc été de constituer une commission d’étude spéciale, composée d’experts du ministère et de l’Université. En juin 1992, la Banco di Roma passait une convention avec le ministère des Biens culturels et s’engageait à financer l’opération à hauteur de 40 milliards de lires (environ 120 millions de francs) sur quatre ans, avec une clause de rattrapage automatique en cas d’insuffisance de la somme. Avec le déblocage des 10 premiers milliards de lires (environ 30 millions de francs), la Surintendance archéologique de Rome a mis sur pied les modalités d’attribution des travaux : soit par appels d’offre, soit par l’intermédiaire de systèmes plus rapides de conventions et de commissions ponctuelles. Le projet approuvé prévoit, pour la première année, une étude systématique du monument et de la zone archéologique, afin d’établir une stratégie d’intervention adéquate. Parallèlement, on s’efforcera de terminer les travaux déjà commencés et de s’attaquer au nettoyage des pierres. Les travaux comporteront une série de recherches techniques : statiques, structurelles, géologiques et hydrologiques, qui orienteront les mesures d’assainissement à prendre.
Les études archéologiques, épigraphiques et architecturales fourniront le support historique indispensable. Les travaux de consolidation seront suivis de la remise en vigueur d’un périmètre de sécurité, l’élimination des fosses et des baraques anciennes, la restauration (nettoyage et protection) des surfaces murales, pour atteindre un niveau satisfaisant de sécurité et d’accessibilité au public. Cette restauration classique ménagera néanmoins un "coup de théâtre" inattendu, grâce à la restitution de l’arène antique avec des planches de bois recouvertes de sable.
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Rome - An 2000, Année sainte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Rome - An 2000, Année sainte