Roger Bédiat - Masque attié

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 20 octobre 2015 - 400 mots

Le deuxième dîner de gala organisé le 7 septembre dernier par la Société des amis du Musée du quai Branly a permis de récolter les fonds pour acquérir un masque attié d’une grande rareté.

Attié
Les Attié sont une petite tribu du sud-est de la Côte d’Ivoire. Leur territoire occupait la région des lagunes qui englobe, aujourd’hui la capitale Abidjan. Comme toutes les tribus côtières de cette région, leur culture et leur art ont été très fortement influencés par ceux des importants groupes Akan qui les avoisinent au nord, « mais ils n’en ont pas moins conservé leur individualité tribale, et le masque rare que nous reproduisons ne saurait être confondu avec une œuvre Baoulé », précise William Fagg, qui publia pour la première fois notre exemplaire en 1965. Ce dernier représente un visage masculin au nez prismatique proche des masques gouro-bete, tandis que l’encadrement dentelé se rencontre aussi chez les Baoulé-Yohourés. Remarquable est la conservation de son décor polychrome asymétrique rouge et blanc qui semble avoir été la marque distinctive des masques attié. La patine d’usage permet de dater le masque du Musée du quai Branly du XIXe siècle.

327 350 €
Proposé le 24 juin dernier par Sotheby’s-Paris, le masque, qui ne trouve curieusement pas preneur, est acheté après la vente par le Musée du quai Branly. Une très bonne opération en fin de compte, conclue grâce au soutien financier de sa dynamique Société d’amis.

Roger Bédiat
Inventeur du masque, Roger Bédiat le découvre en pays attié où il s’est installé dans les années 1920.
On doit à ce forestier de profession, amateur de la première heure, nombre des icônes de l’art africain
de cette région, aujourd’hui conservées en collections publiques ou privées.

1931
Le 2 juin exactement, Roger Bédiat cède le masque à Charles Ratton, qu’il vient de rencontrer à Paris à l’occasion de l’exposition coloniale. La transaction est la première d’une longue série entre les deux hommes, qui ne s’acheva qu’avec la mort de Bédiat en 1958.
Le masque attié passa ensuite dans une autre collection parisienne prestigieuse, celle d’Hubert Goldet, jusqu’à la dispersion de celle-ci en 2001.

Rareté
Seuls trois exemplaires de masque attié ont été à ce jour identifiés. Deux sont désormais en collection publique, l’un au National Museum of African Art de Washington (États-Unis), l’autre vient d’entrer au Musée du quai Branly, enrichissant de la plus belle manière ses collections d’art de Côte d’Ivoire.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : Roger Bédiat - Masque attié

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