« Un musée qui ne s’enrichit pas est un musée qui meurt. » Cet adage ne concerne pas le Musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon qui, bien que menacé de fermeture, poursuit sa politique d’acquisition.
Relique
L’inventaire après décès de Jacques Vaucanson, mort en 1782, fait état de plusieurs robes de chambre, dont une en taffetas vert, dans laquelle il faut reconnaître celle acquise par le Musée des tissus. La fille unique de l’ingénieur en hérite, puis la relique familiale dite « Chasuble de Vaucanson », sera conservée par sa descendance jusqu’à la fin du XXe siècle.
Banyan
Sur un taffetas bleu-vert, des arcades en treillage sommées d’une coupe fleurie sont cantonnées d’oiseaux qui s’apparentent à l’ibis huppé, espèce endémique de Madagascar où la France établit un premier comptoir en 1643. Ce type de décor exotique est à la mode à la fin du XVIIe siècle et le restera au cours du XVIIIe, comme en témoigne le Portrait de Jean Revel que conserve le Musée des arts décoratifs de Lyon. Le personnage peint par Donat Nonotte, en 1748, porte une robe d’intérieur aussi appelée banyan, en référence au goût persan qui fait alors fureur en Europe.
Vaucanson
Jacques Vaucanson, né à Grenoble en 1709, se livre dès l’adolescence à ses premières recherches en mécanique. Alors novice chez les Minimes de Lyon, il demande à l’évêque d’être relevé de ses vœux pour s’adonner à sa passion dévorante : la fabrication d’automates. Son talent d’ingénieur rapidement reconnu, il est nommé en 1741 inspecteur des manufactures royales de soie du royaume. Quatre ans plus tard, il teste sa machine automatique à tisser les étoffes unies, première de nombreuses autres innovations techniques qui participeront au développement et à l’essor de l’industrie textile en France, et en particulier à Lyon. À la mort de Vaucanson, l’État achète ses machines et ses ateliers. Ils deviendront, à la demande de Louis XVI, un dépôt public de modèles qui, en 1794, intégrera le tout nouveau Conservatoire des arts et métiers.
5 625 €
En 2015, contre vents et marées, le Musée des tissus maintenait le cap de ses acquisitions grâce au don Truchot de 56 habits liturgiques complété de deux acquisitions en salle des ventes. La première est un rare tableau de fleurs (v.1815) de Jean-François Bony, la seconde est cette robe d’intérieur de Vaucanson pour laquelle le musée a déboursé 5 625 €. Un prix raisonnable pour une pièce sans équivalent dans les collections et, qui plus est, liée à l’une des figures marquantes de l’histoire industrielle de la soierie lyonnaise.
1770–1780
Par sa forme générale et son décor de treilles, le vêtement daterait des années 1770-1780, tandis que certaines particularités de fabrication désigneraient une production parisienne.
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Robe d’intérieur de Jacques Vaucanson
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : Robe d’intérieur de Jacques Vaucanson