Le budget d’acquisition des dix départements du British Museum a été ramené cette année à 500 000 livres (4,8 millions de francs), somme comprenant aussi le financement des campagnes de fouilles archéologiques. Un porte-parole du musée a reconnu que, sans aides extérieures, le British Museum n’a plus les moyens d’acquérir des pièces importantes.
LONDRES. En 1995-1996, le budget d’acquisition du British Museum, stable depuis dix ans, s’élevait encore à 1 425 000 livres (13,9 millions de francs). Mais réduite l’an dernier à 925 000 livres (9 millions de francs) et quasiment diminuée de moitié cette année, cette enveloppe ne va plus permettre au plus grand musée du Royaume-Uni d’enrichir sa collection en œuvres majeures. Bien que le montant des acquisitions soit généralement tenu secret, notre partenaire éditorial, The Art Newspaper, a répertorié les quatorze pièces importantes achetées par le musée en 1996 et au cours du premier semestre 1997. Leur coût s’est élevé à 1,3 million de livres (12,6 millions de francs), dont un peu plus de 40 % provenait de financements extérieurs. Pendant cette période, l’Heritage Lottery Fund n’a versé au musée que 111 000 livres (1 million de francs), alors qu’en 1995, il avait fourni 245 000 livres (2,3 millions de francs) pour l’achat d’un dessin de Zoppo, auquel le National Heritage Memorial Fund (NHMF) avait généreusement contribué. En 1996 et 1997, des financements complémentaires avaient été apportés par le National Art Collections Fund (NACF) – 249 000 livres (2,4 millions de francs) –, le NHMF – 119 000 livres (1,1 million de francs) – et la British Museum Society, 45 000 livres (438 000 francs). Aujourd’hui, faute de moyens, le musée craint de ne plus pouvoir acheter les pièces importantes qui apparaissent sur le marché, tel le trésor romain de Hoxne, découvert en 1992 et proposé au musée en 1994 pour 1 750 000 livres (17 millions de francs). À l’époque, si le British Museum n’avait pas réuni les fonds nécessaires grâce à l’aide généreuse du NHMF et du NACF – aucun autre musée britannique ne pouvant envisager son acquisition –, le trésor aurait probablement été dispersé ou vendu à l’étranger.
Muséographie sobre
Selon le rapport Edwards sur le British Museum datant d’octobre 1996, de nombreux conservateurs “ont le sentiment que le musée n’enrichit pas suffisamment ses collections pour les générations à venir”, du fait de la baisse de ses ressources. L’étude de l’organisation du musée a débouché sur quatre recommandations. Dans un premier temps, il faudrait consacrer aux acquisitions 10 % des subventions accordées au musée – 31,9 millions de livres (311 millions de francs) en 1997-1998 –, et "définir clairement la politique d’acquisitions pour n’acheter que des pièces prestigieuses". Selon les termes du rapport, le musée devrait "être prêt à mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose, y compris la recherche d’un financement public, sans craindre de prendre des risques". Cette proposition a été faite après l’acquisition manquée de la Châsse de saint Thomas Becket, pour laquelle le British Museum et le vendeur, le British Rail Pension Fund, s’étaient entendus sur un prix de 1,8 million de livres (17 millions de francs). Malgré les aides promises par le HLF – 900 000 livres (8,7 millions de francs) – et le NACF – 100 000 livres (975 000 francs) –, le musée n’a pu réunir les derniers financements nécessaires et, en mars 1996, a dû renoncer à l’achat. Finalement, le Victoria & Albert Museum l’a acquise pour 3,8 millions de livres (37 millions de francs) en juillet 1996. Le rapport préconise en outre de modifier le règlement du musée afin que davantage de prises de décisions soient confiées à ses différents départements plutôt qu’à son comité directeur, et propose d’augmenter la limite des 10 000 livres (97 500 francs) au-delà de laquelle les acquisitions doivent être approuvées par le comité directeur, en suggérant également la création d’un comité d’achat au sein du musée. Enfin, le rapport Edwards insiste sur la nécessité d’œuvrer pour trouver des "apports extérieurs afin de constituer un fonds d’acquisitions". Conformément aux recommandations du rapport, un directeur financier a été nommé, Anthony Blackstock, qui occupait auparavant cette fonction au Royal National Theatre.
Dépassé par cinq musées
Le budget d’acquisition du British Museum est désormais inférieur à celui de cinq autres musées britanniques. La National Gallery dispose de 3 millions de livres (2,9 millions de francs) de subventions, auxquelles vient s’ajouter une allocation annuelle de plusieurs millions provenant des revenus du fonds Getty de 50 millions de livres (487 millions de francs). La Tate Gallery consacre 2,15 millions de livres (21 millions de francs) par an à l’enrichissement de ses collections, et le Victoria & Albert 1,1 million de livres (10 millions de francs). Les National Galleries of Scotland reçoivent 660 000 livres (6,4 millions de francs) du Scottish Office, tandis que le Welsh Office for Acquisitions dote les National Museums and Galleries du Pays de Galles d’un million de livres (9,7 millions de francs).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Rigueur au British Museum
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°43 du 12 septembre 1997, avec le titre suivant : Rigueur au British Museum