Musée

Révolution de palais à Carnavalet

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2018 - 514 mots

PARIS

Fermé depuis deux ans, le Musée Carnavalet poursuit à l’abri des regards sa métamorphose pour trouver une cohérence inédite. Un chantier délicat jalonné d’impératifs.

L'une des period rooms du Musée Carnavalet réaménagé.
Projet d'une des period rooms du Musée Carnavalet réaménagé.
© photo Atelier NC

Paris. Derrière les grilles du 15, rue des Francs-Bourgeois, en plein Marais, le Musée Carnavalet-Histoire de Paris a entamé sa mue dans le cadre du Plan de rénovation muséale annoncé voici trois ans par la maire de Paris Anne Hidalgo. Un chantier discret au regard de l’investissement consenti par la Ville de Paris : la rénovation du musée, chiffrée à 50 millions d’euros toutes dépenses confondues, est subventionnée à hauteur de 44 millions d’euros par la Ville, soit la moitié des investissements du plan muséal parisien.

Dès 2010, des études ont été menées sur le bâti, aboutissant à une première restauration de la cour d’honneur en 2015. Le Plan musée arrive à point nommé pour Valérie Guillaume, directrice du musée, depuis 2013 et en pleine rédaction du projet scientifique et culturel de l’établissement. Face à un musée complexe, fruit de la réunion de deux hôtels particuliers historiques du Marais, l’un du XVIe siècle, l’autre du XVIIIe siècle, et de l’adjonction d’ailes haussmanniennes du XIXe siècle, le dédale de pièces demande une refonte complète de la muséographie et une remise aux normes de sécurité et d’accessibilité obligatoire.

Une nouvelle gestion de l’espace

Une équipe est choisie pour mener à bien le projet : l’agence François Chatillon architecte spécialisée dans les monuments historiques, l’agence norvégienne Snøhetta (également à l’œuvre au Musée de la marine) et l’agence NC Nathalie Crinière collaborent pour trouver une cohérence de parcours et de récits dans le labyrinthe du musée. « Ce n’est pas une extension, c’est une restauration partielle avec des interventions ponctuelles sur le bâti, qui nous permet de dresser un diagnostic sanitaire complet pierre à pierre », prévient Élise Quantin, restauratrice et coordinatrice du projet à l’agence François Chatillon. L’essentiel va donc se jouer dans l’agencement des espaces. « Il y a plus de cent salles : il nous faut apprivoiser un bâtiment, où chaque salle est différente, dans ses volumes et ses décors », explique la scénographe Nathalie Crinière. Paradoxalement, il y aura moins d’œuvres exposées : « On aura entre 3 800 et 4 000 œuvres, en incluant la modularité et les nouvelles rotations de photos, de gravures et de dessins du projet. Avant, il y avait plus d’œuvres, accrochées jusque dans les couloirs et les cages d’escalier, ce qui n’est plus possible en termes de sécurité », commente Valérie Guillaume.

« Retrouver l’esprit d’un musée d’histoire, avec un parcours plus pédagogique et chronologique, sans rien toucher à son charme, tout en lui donnant toutes les fonctionnalités d’un musée du XXIe siècle » : la feuille de route du chantier, énoncée par la directrice de Paris Musées, Delphine Lévy, est un défi d’équilibriste. Pour retrouver un récit chronologique, le sous-sol de l’hôtel Carnavelet, jusqu’alors inexploité, sera inclus dans le parcours. Pour garder le charme intact, la galerie des enseignes et les period rooms seront réinstallées. Pour le confort, 99 % des espaces seront accessibles en normes PMR (personne à mobilité réduite). La réouverture est prévue dans les premiers jours de 2020.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°508 du 5 octobre 2018, avec le titre suivant : RÉvolution de palais À Carnavalet

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