Un des plus importants projets de restauration entrepris au Pérou est arrivé à terme à la fin du mois d’avril. Trois églises dont la cathédrale de Cuzco ont ainsi rouvert leurs portes après cinq années de travaux. Endommagées par des séismes chroniques, certaines étaient fermées depuis trente ans.
CUZCO (de notre correspondant) - Grâce à un financement de la Fondación Telefonica de 1,4 million d’euros, l’ensemble architectural composé par les églises du Triomphe, de Jésus, Marie et Joseph et la cathédrale, ainsi que leur patrimoine mobilier respectif – réunissant plus de 350 peintures et 200 sculptures –, est désormais accessible au public. Accumulant les vestiges de la conquête espagnole, la ville de Cuzco, située à 3 400 mètres d’altitude, était le cœur de l’Empire inca qui s’étendait sur les actuels territoires de l’Équateur, du sud de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie et, au nord, de l’Argentine et du Chili et jusqu’à l’île de Pâques, selon l’historien José Antonio del Busto. Théâtre d’affrontements militaires, la cité en garde les souvenirs dans son architecture. Ainsi, le temple de Saint-Domingue est-il construit sur les murs de pierres géométriques du Coricancha, tandis que l’église de la Compagnie de Jésus est érigée sur l’Amaru Cancha. Il en va de même de la cathédrale, édifiée sur le Quishuarcancha. Selon Garcilosa de La Vega, cet édifice était “du temps des Incas une charmante remise qui servait pour leurs fêtes les jours de pluie, et qui a également été la résidence de Wiracocha, huitième roi inca”. Commencée en mars 1556, sur les plans de Juan Manuel de Veramendi, la cathédrale n’a été consacrée qu’en août 1688. Depuis lors, elle a subi une série de tremblements de terre dont le premier a eu lieu en 1650, alors que ni les voûtes ni les tours n’étaient achevées. Cette catastrophe a motivé la suppression du troisième corps. En 1950, à l’issue d’un nouveau cataclysme, les réparations ont été financées par le gouvernement espagnol. Mais c’est en 1986 qu’un tremblement de terre a été le plus dévastateur. Les gouvernements d’Allemagne, d’Espagne ainsi que l’Union européenne ont collaboré aux programmes de restauration. Le séisme de 1991 a aggravé l’état de certaines zones non encore reconstruites et la tour de l’Évangile menaçait de s’écrouler. Les trois églises étaient en grand danger depuis plus de cinq ans, selon Liliana Saldivar, architecte responsable des travaux.
L’une des plus grandes cathédrales d’Amérique latine
Composée d’une cinquantaine d’architectes, restaurateurs et ouvriers, l’équipe a été confrontée au problème principal de l’humidité, infiltrée dans la structure à cause de l’engorgement des canaux situés sous les édifices. De même, la crypte de l’église du Triomphe conservant les cendres de l’Inca Garcilaso, ramenées par le roi d’Espagne lors d’un voyage en 1978 au Pérou, a été inondée. Pour remédier aux problèmes de fissures, un projet de drainage a été réalisé dans le soubassement de la nef centrale de l’église de Jésus, Marie et Joseph, qui était fermée depuis trente ans. Le système d’égout a été amélioré, les voûtes restaurées et les œuvres – toiles, sculptures, marqueterie, fresques – ont été remises en état. En 1999 s’achevait la restauration de l’église du Triomphe. Quant à la cathédrale, troisième et dernière étape du projet, la réparation de son patrimoine mobilier a été financée par l’archevêché de Cuzco. Cette cathédrale, qui compte parmi les plus grandes d’Amérique latine avec celles de Mexico et de Lima, arbore désormais une façade digne de son histoire.
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Restaurations au Pérou
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°148 du 3 mai 2002, avec le titre suivant : Restaurations au Pérou