Jack Lang voudrait installer l’Atelier du livre d’art et de l’estampe dans l’abbaye d’Ardenne, près de Caen.
SAINT-GERMAIN-LA-BLANCHE-HERBE - Après plusieurs projets avortés – à l’École Estienne (École supérieure des arts et industries graphiques, Paris) , dans les anciens locaux de L’Illustration à Bobigny, au Palais de Tokyo [Paris] ou à la Monnaie de Paris (1) –, l’Atelier du livre d’art et de l’estampe (ALAE) de l’Imprimerie nationale pourrait enfin trouver un point de chute pérenne et digne de sa valeur patrimoniale. Réunissant quelque 500 000 pièces du cabinet des poinçons classées monuments historiques et employant quinze ouvriers très spécialisés des métiers du livre perpétuant les techniques anciennes (lithographes, phototypeurs, typographes au plomb, graveurs…), l’ALAE avait été transféré, à la suite de la vente du siège historique de l’entreprise en 2005, dans des entrepôts exigus situés à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Un exil indigne de sa valeur patrimoniale. Mais, malgré la mobilisation publique menée notamment par le collectif Garamonpatrimoine, tous les projets de mise en valeur ont jusque-là échoué, butant sur un problème de tutelle. L’Imprimerie nationale, et donc l’ALAE, dépend en effet du ministère de l’Économie et des Finances, peu enclin à investir dans un projet patrimonial en dépit de ses engagements pris en 2004 dans le cadre du plan de redressement de l’entreprise, comme l’a encore rappelé en 2008 un rapport de la Cour des comptes. L’idée d’un transfert de tutelle au ministère de la Culture n’a par ailleurs jamais abouti, la Rue de Valois ne souhaitant pas s’embarrasser de charges supplémentaires.
Il aura donc fallu que Jack Lang entre dans la partie pour que le dossier soit relancé. Devenu président de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (Imec) en janvier 2008, à la mort de l’éditeur Christian Bourgois, l’ancien ministre de la Culture s’est en effet rapidement emparé d’un dossier dont il avait eu connaissance lors de son passage Rue de Valois. Installé depuis 1998 dans l’agglomération de Caen (Calvados), au sein de l’abbaye d’Ardenne qui a été rénovée pour l’accueillir, l’Imec, qui collecte et conserve des fonds d’archives d’écrivains accessibles aux chercheurs, pourrait gagner en visibilité grâce à l’implantation d’un « Musée de l’Imprimerie nationale ». La présence de celui-ci dans ce haut lieu de la mémoire de l’édition ne serait pas incongrue. Par ailleurs, l’activité d’éditeur de l’Imec pourrait permettre de relancer le secteur édition de l’atelier. Le financement de ce projet serait assumé par les collectivités territoriales, au premier rang desquelles la Région Basse-Normandie, qui soutient déjà l’Imec. L’État, qui subventionne également l’Imec, devrait quant à lui participer aux frais de transfert de la collection.
Aval de l’Élysée
Selon le quotidien Ouest France (daté du 2 octobre 2008), Jack Lang aurait confirmé publiquement, lors d’un déplacement à Caen, qu’il souhaitait « ardemment » cette implantation. « Cette collection a toute sa place à l’Imec, a ainsi précisé l’ancien ministre. On doit la faire vivre avec une scénographie, la montrer au public. Je suis obstiné. » Une mission d’évaluation a ainsi été confiée à l’un de ses anciens collaborateurs de la Rue de Valois, Claude Mollard, devenu consultant en ingénierie culturelle. Jack Lang aurait par ailleurs reçu le soutien du président de la République, ce que confirme l’Élysée. Sans surprise car ce projet de transfert aux collectivités enlèverait une épine aux finances publiques. L’idée d’une décentralisation de cet atelier a donc été avalisée par le président de la République. À condition cependant que la transmission des savoir-faire des chefs d’atelier soit perpétuée, c’est-à-dire que les personnels qualifiés acceptent de déménager en Basse-Normandie ou de former des professionnels susceptibles de prendre la relève. Et sous réserve également que les conditions de sécurité sur place soient remplies. Plusieurs rencontres avec le personnel ont en effet eu lieu, à l’abbaye, en novembre 2008, puis à Ivry-sur-Seine, le 14 janvier. Christian Jourdain, qui dirige l’atelier, avoue avoir eu un très bon contact avec les protagonistes du dossier. « Dans l’ensemble, ce projet est plutôt bon souligne-t-il. Le seul souci est, pour les quinze salariés, son implantation à plus de 200 kilomètres de Paris ». Les salariés de l’ALAE, qui restent vigilants, attendent donc des propositions de l’Imec.
(1) lire le JdA no 267, 19 octobre 2007, p.7.
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Réponse de Normand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°295 du 23 janvier 2009, avec le titre suivant : Réponse de Normand