REIMS
Deux ans après avoir stoppé le projet de la municipalité précédente, la mairie de Reims a posé les premiers jalons de l’agrandissement du musée en gestation depuis 20 ans.
REIMS - Le nouveau « Grand Musée des beaux-arts » de Reims ouvrira d’ici cinq ans. C’est une annonce qui pourrait prêter à sourire, tant la question a connu de rebondissements en quinze ans.
C’est en effet au début des années 2000 que l’exiguïté des locaux de l’ancienne abbaye Saint-Denis incite la mairie à installer le musée dans les Halles du Boulingrin fraîchement rénovées. Mais en 2005, l’étude de faisabilité déconseille ce projet et deux options émergent alors : une extension-rénovation de l’actuel musée ou un nouveau projet en lieu et place du parking des halles, près de la porte de Mars. L’équipe de la maire (PS) Adeline Hazan, élue en 2008, choisit la seconde option, coordonne les études et lance le concours architectural que l’Anglais David Chipperfield remporte finalement en 2012. Mais en 2014, la droite reprend la municipalité aux élections et, en dépit des quelque 5 millions d’euros dépensés en fouilles et études (sur les 57 millions d’euros estimés pour le total), le nouveau maire (LR) Arnaud Robinet enterre le projet de Chipperfield et relance le projet d’agrandissement de l’actuel musée.
Le cahier des charges reste le même : le musée, qui abrite une des plus riches collections françaises, n’a pas d’espace affecté aux expositions temporaires, et n’expose sur 1 100 mètres carrés qu’un quart de ses réserves (le musée abrite notamment un important fonds Cranach). Certains tableaux monumentaux ne peuvent même pas être exposés en raison de leurs dimensions.
Un achèvement à l’horizon 2022 Ce nouvel échéancier est-il définitif ? Plusieurs éléments amènent à le penser. Le nouveau projet a été validé par les collectivités concernées et entrera dans sa deuxième phase de travaux au moment des prochaines élections municipales. Pour un budget estimé entre 55 et 60 millions d’euros, la ville assumera environ deux tiers des coûts et la région autour de 20 %. L’État, y contribuera aussi. Le programmiste (ABCD Culture) a commencé sa mission, qui durera une année. Le maître d’œuvre sera désigné à l’été 2018. En comptant un an pour la conception du projet et le choix des entreprises de bâtiment, le musée devrait fermer dès la fin de l’année 2019, pour environ deux ans de travaux.
Les réserves sont le chantier du moment : externalisées et mutualisées avec celles des autres musées de la ville, elles seront réunies dans un bâtiment neuf de 5 000 mètres carrés de plain-pied, dans le quartier Farman, à 4 kilomètres du musée, au sud-est du centre-ville. Leur budget prévisionnel est de 13 millions d’euros. Fin 2019, elles doivent accueillir toutes les collections du Musée des beaux-arts (permettant le début les travaux), ainsi que les réserves du Musée de Saint-Remi. George Magnier a été nommé fin 2015 à la direction commune des quatre musées municipaux. « Toutes les collections se rapportant directement à l’histoire de Reims, y compris postérieures au XVIe siècle (limite chronologique actuelle du musée, ndlr), seront désormais exposées à Saint Remi », explique le conservateur. « À l’inverse, les grandes pièces, y compris notre ensemble unique de 24 toiles peintes du XVe et XVIe siècles, resteront au Musée des beaux-arts, notamment pour des questions de place. »
Dès le 18 mars sera inauguré un espace temporaire de 340 mètres carrés, le Trésor (ancienne salle du trésorier du chapitre, également classée monument historique). Cette « maison des projets » atypique permettra, pendant la longue fermeture, d’offrir un accès numérique aux collections et d’informer sur les plans et l’avancée des travaux. Enfin, un espace sera réservé à la donation Foujita, dont quelques œuvres pourront même être exposées sur place. Les héritiers avaient légué cette collection au musée, à condition qu’une salle soit consacrée au peintre franco-japonais dans le nouveau bâtiment. Ce point reste naturellement dans le cahier des charges en cours de rédaction.
Sauf imprévu, le Musée des beaux-arts de Reims aura donc une infrastructure adaptée en 2022, soit plus de vingt ans après en avoir identifié le besoin. Pour une partie de l’ancienne majorité, les années perdues sont un gâchis, et le coût identique du nouveau projet montre qu’il ne s’agissait que d’une querelle d’ego. Pour Pascal Labelle, adjoint à la culture du maire de Reims, la logique urbanistique parle d’elle-même : « Les musées seront tous dans le cœur historique et touristique de Reims, à deux pas de la cathédrale, avec des réserves plus accessibles. »
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Reims : le futur musée des beaux-arts enfin sur les rails
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Abonnez-vous dès 1 €Vue aérienne du Musée des beaux-arts de Reims. © Photo : Videlio Artech Drone.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°474 du 3 mars 2017, avec le titre suivant : Reims : le futur musée des beaux-arts enfin sur les rails