Italie - Justice

Reconstruction de l’Aquila, cinq arrestations pour corruption

Par Chiara Longo · lejournaldesarts.fr

Le 25 juin 2014 - 464 mots

L’AQUILA (ITALIE) [25.06.14] - Nouvel épisode de corruption dans la ville italienne des Abruzzes frappée par un tremblement de terre le 6 avril 2009. Cinq personnes ont été interpellées, dont de hauts responsables.

Le 17 juin dernier cinq personnes ont été interpellées dont 2 mises en détention provisoire pour acquisition illégale de travaux publics. Il s’agit de l’ex-commissaire adjoint des biens culturels pour la reconstruction de l’Aquila, Luciano Marchetti, la fonctionnaire régionale du MIBACT (Ministère des Biens et des Activités Culturelles et du Tourisme), Alessandra Mancinelli, et trois entrepreneurs, Nunzio Massimo Vinci, Patrizio Cricchi, Graziano Rosone.

Parmi les 101 chantiers de restauration de monuments historiques ouverts à l’Aquila, le détournement d’argent public concerne la restauration de deux églises détruites par le séisme : Le Anime Sante et Santa Maria Paganica.

Alessandra Mancinelli a été immédiatement démise de ses fonctions. Interrogée le 23 juin 2014 à Massimo Vinci, les prévenus ont gardé le silence. Les chefs d’accusation sont pourtant graves : corruption aggravée, mensonge, destruction et dissimulation d’actes officiels, utilisation de faux documents, truquage d’offres, fausses déclarations, émission de factures et d’autres documents pour des transactions inexistantes.

L’opération menée par la cellule de police est nommée « Betrayal ». Les enquêtes, commencées en 2012, se poursuivent : d’autres investigations et perquisitions sont en cours dans toute l’Italie car le juge d’instruction (GIP), Giuseppe Romano Gangarella, parle de l’existence d’une véritable organisation.

Luciano Marchetti, nommé commissaire adjoint pour la reconstruction de l’Aquila en 2009, en charge jusqu’en 2012, est le principal accusé car il se serait confié à lui-même des projets de travaux publics quand il était encore en charge de son mandat. Son nom figure par ailleurs dans la « lista Anemone » parmi les 450 impliqués dans l’affaire de corruption de travaux publics menés par l’entrepreneur Guido Anemone, sous enquête judiciaire depuis 2008. Guido Anemone a par ailleurs eu d’étroites relations professionnelles avec Guido Bertolaso, l’ex-chef de la protection civile. Bertolaso a été inscrit en 2012 par la préfecture de l’Aquila parmi les accusés pour homicide volontaire : Guido Betolaso était à la tête de l’opération « Grandi Rischi », voulue alors par le président du conseil Silvio Berlusconi. Selon la préfecture de l’Aquila, l’ancien chef de la protection civile avait utilisé son pouvoir médiatique pour « tranquilliser » la population cinq jours avant le séisme et sous-estimer les risques du tremblement de terre, qui causa finalement la mort de 309 personnes, la destruction de dix mille bâtiments et des dégâts évalués à dix milliards d’euros.

Si le dossier de l’Aquila ne cesse d’ouvrir de nouvelles pages, ses protagonistes font toujours partie de la même « grande famille ». Et pendant que les fonds pour la restauration du patrimoine de l’Aquila sont pillés, des milliers de personnes, cinq ans après, sont toujours sans maison.

Légendes photos

L'Eglise de Santa Maria Paganica après sa destruction en 2009, L'Aquila, Italie - © Photo pablo72 - 2009 - Licence CC BY 2.0

L'Eglise de Santa Maria Paganica en travaux après sa destruction en 2009, L'Aquila, Italie - Photo Lasacrasillaba - 2009

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