Après un audit mené sur la politique culturelle du Musée du Luxembourg, à Paris, le président du Sénat a mis un terme de manière anticipée au contrat liant l'institution à son gestionnaire, sVo Art. Le Sénat lancera prochainement un appel d'offres élaboré sur de nouvelles bases.
PARIS - La décision a été prise lors d’une réunion du bureau du Sénat, le 1er juillet. « Nous avons proposé de mettre fin de manière anticipée à l’autorisation d’occupation temporaire (AOT) liant le Sénat au gestionnaire du musée, sVo Art [Sylvestre Verger Art Organisation], avec prise d’effet à la conclusion de la prochaine exposition, soit fin janvier 2010 », a indiqué Gérard Larcher, président du Sénat. Cette rupture, près d’un an avant le terme du contrat (décembre 2011), résulte des conclusions de l’audit mené par le cabinet Lord Culture sur le cadre juridique, la gestion et la politique culturelle du Musée du Luxembourg. « Aucune faute n’a été relevée, a toutefois précisé le président du Sénat. Ce sont des motifs d’intérêt général qui ont motivé notre décision. » Et de poursuivre : « Quand un audit nous indique que nous exploitons une AOT plus proche d’une délégation de service public (DSP), dans une maison qui fait la loi et la contrôle, nous en tirons les conséquences. » Ce mode de gestion, un bail commercial d’occupation précaire identique à celui qui s’applique aux marchands de gaufres du jardin du Luxembourg, avait été retenu en 2000 par la précédente équipe dirigeante. Selon Gérard Larcher, cette rupture unilatérale anticipée, qui serait prévue par une clause du contrat, n’aura aucune conséquence financière. Le caractère inapproprié de ce statut juridique pour la gestion d’un musée aurait donc motivé cette décision. Mais la violente polémique qui a éclaté en avril 2008 entre Sylvestre Verger et son associée Patrizia Nitti au sujet du partage des bénéfices de l’exposition « Titien », provoquant l’annulation de l’exposition de l’automne consacrée aux « Trésors des Médicis », a terni l’image de sVo Art aux yeux du nouveau président (lire le JdA no 280, 25 avril 2008, p. 36, et no 282, 23 mai 2008, p. 3). L’exposition du mois de septembre consacrée à l’orfèvre Tiffany sera peut-être la dernière organisée au Musée du Luxembourg par Sylvestre Verger, détenteur du marché depuis 2000. Celui-ci n’a pas souhaité commenter cette décision.
« Laisser sa marque »
Le Sénat affiche désormais un double objectif pour le musée : sécuriser son cadre juridique en lançant une DSP unique pour le site (musée et restauration), mais aussi tirer plus de bénéfices de cette activité, en contrôlant notamment davantage les recettes afférentes à la restauration, aux produits dérivés et aux coproductions d’expositions. Un cahier des charges précis sera rédigé avant le lancement d’un nouvel appel d’offres. « La rapidité ne l’emportera pas sur la qualité », a précisé Gérard Larcher. 2010 sera donc une année blanche pour le Musée. Mais le Sénat compte aussi « laisser sa marque ». L’axe de la programmation culturelle sera ainsi élargi à toute la Renaissance, ne concernant plus « seulement Florence et Sienne », ainsi qu’au thème « art et pouvoir ». « Nous souhaitons y voir des expositions qui seront des créations originales, non des expositions catalogues », a poursuivi Gérard Larcher, relayant ainsi, à mots à peine couverts, une critique sur les choix de sVo. La politique des publics devrait également être revue dans le but d’attirer un public plus jeune, notamment scolaire. Depuis 2000, près de 6 millions de visiteurs ont fréquenté les expositions de cette galerie – qui ne conserve aucune collection –, toujours improprement appelée « musée ».
Légende photo : Le Musée du Luxembourg © D.R.
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Rebondissement au Musée du Luxembourg
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°307 du 10 juillet 2009, avec le titre suivant : Rebondissement au Musée du Luxembourg