Israël - Archéologie

Quand l’actualité se mêle à l’histoire

Par Abraham Helga · Le Journal des Arts

Le 1 avril 1994 - 467 mots

Israéliens et Palestiniens se disputent le futur contrôle des fouilles archéologiques en Cisjordanie et dans le territoire de Gaza. L’enjeu est de taille puisque la région renferme d’incroyables richesses.

JÉRUSALEM - Quand Israël s’est emparé de la Cisjordanie et du territoire de Gaza, en 1967, après la guerre des Six Jours, les archéologues israéliens ont été parmi les premiers à franchir les frontières pour visiter des sites qu’ils n’avaient pu apercevoir que de loin, et dont ils n’avaient qu’une connaissance livresque. Amichai Mazar, professeur d’archéologie à l’université hébraïque de Jérusalem, se souvient : "Nous étions impatients de découvrir le plus de choses possible en un bref laps de temps, car nous étions persuadés que nous ne resterions pas dans la région." Les conditions de la paix n’ont pourtant pas été réunies aussi vite qu’il le pensait, puisque les Israéliens en ont assuré l’administration durant vingt-sept ans, mais, à présent, la pensée d’avoir à quitter cette terre un jour prochain suscite de nouvelles inquiétudes chez les archéologues.

La Cisjordanie, où vivent deux millions d’Arabes et 135 000 juifs, est considérée par de nombreux juifs comme faisant partie intégrante d’Israël, car elle comprend les provinces bibliques de Samarie et de Judée. "C’est le lieu où la nation d’Israël s’est créée, précise le professeur David Ussichkine de l’université de Tel-Aviv, car toutes les villes citées dans l’Ancien Testament – Schiloh, Bethel, Jéricho, Schehem, Hébron et Samarie – s’y trouvent."

L’avenir des sites archéologiques
Lors des pourparlers de Taba, Israéliens et Palestiniens ont évoqué l’avenir des sites archéologiques de Cisjordanie et de Gaza. Bien que ces entretiens soient restés secrets, on sait que le général Amid Drori, qui dirige le service israélien des Antiquités, souhaite en conserver le contrôle. Sa proposition de les partager "selon leur caractère juif ou musulman" a soulevé des protestations dans les deux camps. De son côté, le professeur Nasmi Juabeth de l’université Bir Zeit, conseiller des Palestiniens, refuse "tout concept de cantonnement". Et de prévenir : "Nous n’accepterons qu’un contrôle absolu."

Il est vrai que la région est riche de promesses. Et ce n’est pas un hasard si, dans le passé, de grandes expéditions européennes et américaines ont eu lieu à cet endroit. À Jéricho, vers 1950, Kathleen Kenyon a en effet découvert un important habitat du Néolithique (7000-6000 av. J.-C.) ; à Samarie, on a dégagé de remarquables vestiges hellénistiques et, à Kumran, on a retrouvé les manuscrits de la mer Morte. Depuis 1967, les Israéliens ont examiné près d’un millier d’autres sites et effectué des fouilles à Hebron, Schiloh, ancien site d’occupation israélienne, Herodion (la forteresse de montagne du roi Hérode), au mont Gérizim, un site samaritain et romain, ainsi que dans le désert de Judée. Résultat : la découverte de vestiges de nombreuses synagogues samaritaines et juives, ainsi que d’une dizaine d’églises byzantines.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°2 du 1 avril 1994, avec le titre suivant : Quand l’actualité se mêle à l’histoire

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