Société

Projet à plusieurs volets

Un système va permettre de protéger Venise des inondations

Par Eva Bensard · Le Journal des Arts

Le 16 mai 2003 - 452 mots

VENISE / ITALIE

Après trente-sept ans d’attente, Venise va enfin retrouver sa sérénité. En effet, le projet Moïse vient de recevoir l’aval du CIPE, comité interministériel de programmation économique. Grâce à un système de digues mobiles, installées entre la lagune et l’Adriatique, la ville sera désormais protégée des inondations.

VENISE - Le 3 avril, le CIPE, le comité interministériel de programmation économique, duquel font partie des représentants des autorités régionales ainsi que le maire de Venise, a voté à l’unanimité la mise en œuvre immédiate du projet Moïse. Sur les six milliards d’euros nécessaires à la réalisation du projet, qui devrait s’achever en 2011, 350 millions d’euros ont été immédiatement débloqués. “L’objectif est de mettre Venise à l’abri des inondations lorsqu’il y a une marée plus haute que d’habitude. Les Vénitiens n’auront plus à porter de bottes en caoutchouc”, s’est réjoui Pietro Lunardi, ministre italien de l’Équipement.

La digue mobile, dont il existe déjà un prototype testé baptisé MOSE – soit Moïse en italien, mais aussi l’acronyme de Modulo Sperimentale Elettromeccanico (module expérimental électromécanique) – sera composée de 78 volets creux en acier, montés sur charnières et mesurant chacun 18 à 28 mètres de hauteur et 20 mètres de largeur. Disposées dans les trois passes qui relient la lagune à la mer, elles reposeront en temps normal en position couchée dans les “profondeurs”. Dès que la marée atteindra un niveau supérieur à 110 centimètres, l’eau retenue dans chaque module sera chassée grâce à un système hydraulique pour faire place à de l’air. Les portillons se redresseront alors pour contenir la marée montante. Le coût d’entretien de cette digue est évalué à 9 millions d’euros par an ; sa durée de vie, en tenant compte de l’évolution des conditions climatiques, est estimée à cent ans.

Pour la première fois, le conseil municipal de Venise a donné son accord au projet, tout en exigeant que onze actions complémentaires soient menées. Le maire de Venise, Paolo Costa, a fait office de médiateur dans ces négociations qui ont surtout visé la protection de l’écosystème et du site, la poursuite des travaux de rehaussement de certaines rues de la ville et la limitation d’accès des navires à la lagune. La venue du président du Conseil Silvio Berlusconi, qui a posé la première pierre des travaux le 14 mai, a marqué la fin symbolique d’un contentieux vieux de près de vingt ans, les écologistes s’étant fermement opposés au projet par crainte de voir la lagune transformée en étang fermé. Ces inquiétudes sont encore d’actualité et des complications d’ordre juridique peuvent menacer le projet. Malgré des années de débats, sans parler des malentendus qui règnent dans l’opinion publique, l’installation de cette digue se fait sans réelle connaissance de ses conséquences pour l’avenir.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°171 du 16 mai 2003, avec le titre suivant : Projet à plusieurs volets

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