L’exposition automnale du Musée d’Orsay célèbre le pastel et son renouveau au cours du XIXe siècle.
PARIS - Comme pour se démarquer de l’abondance de têtes d’affiche caractéristique de cette rentrée, le Musée d’Orsay consacre sa grande exposition automnale non pas à un artiste ou un mouvement pictural, mais à un médium. « Le mystère et l’éclat » offre la chance de redécouvrir les collections de pastels du musée, lesquels ont bénéficié d’une vaste campagne de restauration bien méritée. Avec pour fil conducteur l’appropriation du médium par les artistes du XIXe siècle, l’exposition réserve de belles surprises et n’élude pas certains travers de l’époque.
Après une entrée en matière quelque peu brouillonne et éparpillée entre leçons techniques, œuvres contemporaines et rappels historiques avec des portraits du XVIIIe, le parcours passe en revue l’adoption du pastel par les générations successives de peintres. L’intérêt est ici d’observer la manière dont le médium influe sur la maniera des artistes, ainsi une plus grande poésie dans les scènes paysannes réalistes de Millet ou une douceur inattendue dans les portraits de Manet. Sa vaporeuse Jeune femme blonde aux yeux bleus est d’autant plus surprenante que le peintre, mise à part sa jolie rouquine du Bar aux Folies Bergères, nous a habitués aux brunes aux yeux noirs, et à une palette le plus souvent dominée par les noirs profonds et les blancs sales. Si l’on retrouve avec bonheur des feuilles très connues d’Edgar Degas, parmi lesquelles son chef-d’œuvre L’Étoile, que le peintre des danseuses ait une place de choix dans cet accrochage reflétant au mieux les fonds du musée tenait de l’évidence. La présentation ne fait heureusement pas l’impasse sur le regain d’intérêt du portrait au pastel au tournant du siècle, avec pour hérauts Jacques-Émile Blanche, Lucien Lévy-Dhurmer et Paul-César Helleu. Aujourd’hui considérés comme kitchissimes, ces portraits confèrent sensualité et légèreté à de grandes bourgeoises endimanchées. Le pastel, son fameux éclat comme son aspect velouté, semble en définitive avoir été créé pour servir le mysticisme symboliste. Odilon Redon, en particulier, a su sublimer ce médium et la fraîcheur de ses œuvres (dont Fleur des champs dans un vase au long col) est sidérante. À signaler, parallèlement à cet accrochage, la très belle exposition « Masques » (jusqu’au 1er février 2009), qui livre une analyse thématique du masque, omniprésent dans la vie artistique du XIXe siècle, et bénéficie d’une belle scénographie théâtrale parfaitement adaptée à son sujet.
LE MYSTÈRE ET L’ÉCLAT – PASTELS DU MUSÉE D’ORSAY, jusqu’au 1er février 2009, Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007, Paris, tél. 01 40 49 48 14, www.musee-orsay.fr, tlj sauf lundi 9h30-18h, jeudi 9h30-21h45. Catalogue coédité par le musée et la RMN, 176 p., 110 ill., 39 euros, ISBN 978-2-7118-5091-4.
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Poudre magique
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaire : Philippe Saunier, conservateur au Musée d’Orsay
- Nombre d’œuvres : une centaine, dont la plupart proviennent des collections du musée
- Mécènes : PricewaterhouseCoopers, France et BNP Paribas (pour la restauration des œuvres)
- Muséographie : Pascal Rodriguez
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Poudre magique