PÉTRA / JORDANIE
Le 26 décembre, la cité antique en Jordanie, inscrite au patrimoine mondial, a été frappée par des pluies torrentielles. De nombreuses critiques pointent le mauvais entretien du site.
Jordanie. Si les pluies abondantes sont plus fréquentes qu’on le croit au Moyen-Orient en hiver, les inondations à Pétra sont censées être contrôlées par un système de drains et de barrages. Le site comporte en effet un ingénieux système de canaux et de tunnels remontant pour partie au IVe siècle avant notre ère, une efficace protection contre les phénomènes naturels. Les Nabatéens avaient bien conscience que leur survie dans ce site désertique dépendait des caprices de la nature. Comme le souligne un rapport conjoint de l’Unesco et du Conseil international des monuments et des sites (Icomos) de 2017, « la gestion de l’eau est un élément de la valeur universelle exceptionnelle » du site, et donc un des critères d’inscription au patrimoine mondial. Cependant, ce système de canaux et de drains nécessite un entretien permanent car, comme le rappelle le rapport, « les inondations éclair dans le Wadi Musa représentent un danger pour les visiteurs et pour les monuments constitutifs du site de Pétra ». Ce sont en particulier les tombeaux sculptés dans les falaises qui souffrent de l’érosion due aux inondations répétées, ainsi que les parois du chemin d’accès, encastré au fond du défilé du Siq.
Ces inondations peuvent être mortelles : en 1963, vingt-deux touristes français avaient péri sur le site. Dans les années 1990 et 2000, les autorités jordaniennes ont entrepris une série de travaux pour consolider les canaux de drainage et rationaliser la circulation des touristes. Le développement anarchique des infrastructures autour du site dans les années 2010 a cependant freiné ces travaux. Le rapport ajoute que « les travaux de réparation du Siq ont été critiqués à plusieurs reprises lors des réunions avec les communautés locales ». Ces travaux semblent avoir été menés sans réelle concertation.
Un des points problématiques est aussi l’utilisation du béton pour construire des murs de remblais le long du théâtre antique (Ier siècle après J.-C.), murs qui jurent avec l’esthétique du site. Des canalisations de drainage en béton ajoutées dans certains murs de soutènement du Wadi Musa ont également été critiquées car « elles détournent les visiteurs de leur expérience du site », selon le rapport. Pétra a été habitée en continu du IVe siècle avant notre ère au IIIe siècle après J.-C. et offre des monuments exceptionnels qui combinent les styles hellénistique et romain : les restaurations et consolidations doivent respecter l’esthétique du site.
Le rapport préconise un plan d’occupation des sols en amont du Wadi Musa pour stabiliser le terrain en cas de pluies abondantes. Il ajoute que les autorités jordaniennes doivent réhabiliter le système de gestion des eaux et créer un comité technique spécialisé. Ces recommandations ont été en partie mises en œuvre en 2020 et 2021. Le rapport insiste enfin sur la nécessaire concertation entre les autorités locales, l’Unesco et Icomos, concertation qui a fait défaut jusqu’ici.
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Pétra sous un déluge d’eau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°602 du 6 janvier 2023, avec le titre suivant : Pétra sous un déluge d’eau