FLORENCE / ITALIE
La projection du logo du sponsor d’un festival sur le Ponte Vecchio de Florence a suscité de virulentes critiques au sein du monde culturel.
Florence. Les monuments ne sont pas des panneaux publicitaires. C’est ce que rappellent les directeurs de grands musées italiens et des historiens de l’art après la polémique qui a agité Florence. Au début du mois de janvier, le Ponte Vecchio est illuminé dans le cadre d’un festival de sons et lumières mettant en valeur le patrimoine de la ville. « C’est une offense ! Je suis horrifié ! Nous n’avons pas été consultés et nous nous serions opposés à cet affront », s’est scandalisé Eike Schmidt, le directeur de la Galerie des Offices en voyant apparaître, sur l’un des ponts les plus emblématiques de la péninsule, la mention : « Sponsored by American Express ». Une indignation qui s’est immédiatement propagée sur les réseaux sociaux et qui a été partagée par la Surintendance aux biens culturels. Le maire Dario Nardella a été contraint de prendre ses distances. « Cette image est inappropriée pour ces lieux. Cela ne se reproduira plus et j’interdirai la projection du nom des sponsors », a promis l’édile en précisant avoir été le premier à réglementer la publicité sur les chantiers de restauration des monuments.
Le monde culturel a pris acte de sa décision mais ne lui a pas épargné ses condamnations. Si des critiques d’art comme Vittorio Sgarbi rappellent que les centres historiques ne peuvent faire l’économie des ressources du secteur privé pour pallier les trop maigres subventions publiques pour leur entretien, la plupart des historiens de l’art attendent plus. C’est le cas de Tomaso Montanari qui estime que « Florence a été humiliée et prostituée. Elle est devenue un vrai souk aux mains des patrons du marché. La municipalité devrait s’inquiéter que l’un des plus beaux centres historiques du monde soit devenu un “resort” touristique pour les ultra-riches. » La presse locale a néanmoins appelé à « ne pas exagérer. Mieux vaut un débat civil sur le mécénat des entreprises sans lesquelles il serait difficile de préserver le patrimoine. Florence a toujours été une ville marchande et les Médicis étaient les premiers à mettre leur “logo” sur les monuments. » Ces dernières années, la Péninsule s’est couverte d’échafaudages transformés en panneaux publicitaires le temps de la rénovation des édifices.
L’Italie n’est pas le seul pays concerné. Pour célébrer le nouvel an chinois, la maison de luxe transalpine Bottega Veneta a installé, du 6 au 12 janvier, sur une partie de la Grande Muraille de Chine, un écran numérique géant avec son logo accompagné de la mention « Bonne année », écrite en mandarin. Elle s’est engagée en échange à faire un don pour l’entretien et la rénovation d’un tronçon du monument.
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Pas de logo sur les monuments florentins
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Pas de logo sur les monuments florentins