Italie - Musée

Ouverture d’un musée des icônes russes à Florence

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 10 février 2022 - 642 mots

FLORENCE / ITALIE

La collection d’icônes russes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles est exposée dans des salles rénovées du Palazzo Pitti.

Musée des icônes russes au sein du Palazzo Pitti à Florence. © Uffizi
Musée des icônes russes au sein du Palazzo Pitti à Florence.
© Uffizi

Florence. Le complexe muséal des Offices de Florence s’agrandit. À la Galerie des Offices, au Palazzo Pitti et aux jardins de Boboli vient s’ajouter, depuis début janvier, le Musée des icônes russes. Il expose une collection de soixante-dix-huit icônes, ce qui en fait la collection la plus ancienne et la plus documentée hors des pays de la sphère orthodoxe. Ces œuvres sont rassemblées dans quatre salles donnant sur la cour intérieure du Palazzo Pitti, la résidence historique des Médicis. « Pour la première fois, ces salles qui viennent d’être restaurées sont complètement accessibles au public et sont intégrées pleinement dans le parcours muséal », se félicite Daniela Parenti, responsable de la peinture médiévale et des icônes russes des Offices.

Ces travaux de restauration ont concerné également la chapelle Palatine – ou chapelle des Reliques. Sa fonction originelle était d’abriter les précieux reliquaires figurant dans les collections de la plus puissante famille toscane et objet de dévotion de ses membres. Elle est décorée par des fresques de Luigi Ademollo (1764-1849) et elle sera pour la première fois ouverte tous les jours. Les très légères vitrines dans lesquelles sont exposées ces icônes de petite et moyenne dimension à usage personnel permettent au visiteur de continuer à jouir des riches fresques du XVIIe siècle qui ornent aussi bien les murs que les plafonds des salles. Les plus anciennes viennent du palais des Armures, important centre de production d’icônes au Kremlin à Moscou, mais la plupart proviennent d’ateliers des provinces de la Russie centrale et sont attribuées à des artisans des villes de Kostroma et Iaroslavl sur le fleuve Volga.

Les icônes sont dans les collections du Grand-Duché de Toscane depuis 1761, sous le règne de François III, même si certaines pièces sont parvenues à Florence bien avant cette date. Parmi les pièces les plus importantes figure un ménologe, calendrier contenant la liste mensuelle des fêtes orthodoxes à célébrer, ou encore la seule icône signée de la collection : une Mère de Dieu de Tikhvine réalisée en 1728 par Vasilij Grjaznov. C’est une copie de l’une des images de la Vierge Marie peinte par l’évangéliste Luc qui, selon la tradition, est apparue en 1383 à Tikhvine dans la principauté de Novgorod. « Nous ignorons complètement les raisons qui expliquent leur arrivée, précise Daniela Parenti. Mes recherches dans les archives se sont avérées infructueuses. Plusieurs hypothèses ont été émises sans pouvoir être confirmées. On présume qu’elles sont liées à la propagande de Catherine de Russie, pendant la guerre contre les Turcs, quand sa flotte se trouvait à Livourne. Plus vraisemblablement, elles sont des dons pour les communautés orthodoxes occidentales. Une se trouvait justement à Livourne où, au XVIIIe siècle, elle avait obtenu le droit de construire une église. »

Toute la collection est exposée dès 1771 à la Galerie des Offices, où elle est inventoriée comme exemple d’art byzantin préfigurant l’art italien médiéval. Mais, en 1796, les icônes sont reléguées à la villa Medicea di Castello sur les collines de Florence. Elles redescendent de ces hauteurs au tournant du XXe siècle et, de 1984 à 2014, elles se retrouvent dans la Galerie de l’Académie. « Leur mise en valeur a toujours été complexe car elles dénotent avec l’art de cette ville symbole de la Renaissance, explique Daniela Parenti. Les travaux de restauration et de modernisation des Offices ont constitué une occasion unique. Leur retour au Palazzo Pitti est un peu un “retour à la maison” pour des pièces qui ont surtout un grand intérêt historique. Les collections d’icônes russes sont souvent tardives, remontant principalement au XIXe siècle, avec la présence de nombreux faux. Celles de la collection Médicis sont authentiques et la collection a été constituée avant la grande ouverture de la Russie sur l’Occident, à l’initiative du tsar Pierre Ier Le Grand. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Ouverture d’un musée des icônes russes à Florence

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