À l’occasion du VIIIe Congrès international d’égyptologie, qui s’est tenu du 27 mars au 3 avril au Caire, le Musée égyptien présentait les découvertes effectuées dans la vallée du Nil au cours des dernières campagnes archéologiques. Un fragment d’inscription exhumé quelques jours avant l’inauguration jette une lumière nouvelle sur la fin de l’Ancien Empire, plus particulièrement sur l’unicité et la divinité du pharaon qui seraient remises en cause.
LE CAIRE (de notre correspondant) - Ce fragment d’inscription hiéroglyphique n’a été découvert par la mission archéologique française de Saqqarah sud que quelques jours avant l’inauguration de l’exposition au Musée égyptien du Caire. Pendant la campagne de fouilles, l’équipe d’égyptologues, dirigée par Audran Labrousse, a mis au jour les restes d’une petite pyramide au sud-ouest de celle du souverain de la VIe dynastie, Pepi Ier. En arrivant à la chambre funéraire, les archéologues ont eu la surprise de trouver le sarcophage en pierre noire de la reine Ankhenespepi III, femme de Pepi Ier. Autour, sur les pans restants des murs, sont gravés et peints en vert des passages des Textes des Pyramides, ces textes funéraires apparus à l’intérieur des pyramides (d’où leur nom) des souverains sous les Ve et VIe dynasties. Cette découverte éclatante de la mission française pourrait bouleverser la manière de concevoir la fin de l’Ancien Empire : “Ankhenespepi III est la première reine à faire inscrire les Textes des Pyramides dans sa chambre funéraire”, a expliqué l’égyptologue Catherine Berger Naggar, codirectrice de la mission française. “En conséquence, il faut vraisemblablement lui attribuer le début du processus de démocratisation qui marque la fin de l’Ancien Empire. L’appropriation de ces textes signifie en effet s’assurer la vie éternelle ce qui, jusqu’alors, est une prérogative exclusive du pharaon. C’est la première fois – et il est significatif que ce soit justement une femme de la famille royale qui fasse le pas – que la divinité et l’unicité du pharaon sont mises en question. Il s’agit d’une étape importante qui conduira à la conception d’un souverain qui n’est plus dieu, mais un homme supérieur aux autres, ce qui caractérise toute l’histoire de l’Égypte ancienne à compter du Moyen Empire.” La découverte couronne des années de recherches des archéologues français. Vasco Dobrev, un autre membre de la mission, assure que, à côté de celle d’Ankhenespepi III, les vestiges d’autres pyramides ont été identifiés, dont la découverte pourrait jeter un nouvel éclairage sur cette période compliquée qui clôt l’Ancien Empire.
Parmi les mises au jour effectuées dans la vallée du Nil au cours des dernières campagnes archéologiques étaient également présentés les objets provenant des fouilles autrichiennes de Tell el-Dabaa, dont un précieux collier en or de type égéen, la statue de l’un des surintendants des travaux pour la construction de la grande pyramide de Gizeh, une stèle avec une scène de cérémonie funéraire égypto-araméenne, ou encore deux magnifiques statues de nourrices royales du Nouvel Empire.
Une mission archéologique égypto-australienne vient de mettre au jour à Helwan, au sud du Caire, cinq tombeaux datant du IVe millénaire av. J.-C. Découvertes “sur le site de la ville de Memphis, construite par Narmer pour être la première capitale de l’Égypte unifiée”?, a expliqué Mohamed al-Saghir, du Conseil supérieur des antiquités, ces tombes seraient les témoins de la Ière ou de la IIe dynastie (environ 3200 av. J.-C.). Si Narmer, fondateur de la Ière dynastie, est bien considéré comme le véritable unificateur du pays, Memphis aurait été, selon les historiens, fondée sous la dynastie suivante (vers 2850). Ce site, au sein de l’agglomération cairote, pourrait se transformer “en site touristique et archéologique de premier ordre”?.
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Parité à l’égyptienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°106 du 26 mai 2000, avec le titre suivant : Parité à l’égyptienne