La fragilité de l’hypogée de Harwa, découvert au siècle dernier, avait jusqu’à présent dissuadé les spécialistes de pousser plus avant leurs recherches. Mais son exploration a commencé au mois de novembre, sous la responsabilité du Dépôt archéologique municipal de Milan.
LOUXOR - Creusé sur la rive occidentale du Nil, juste en face du temple de la reine Hatshepsout (Deir el-Bahri), l’hypogée de Harwa dépasse en taille la plupart des monuments funéraires laissés par les souverains du Nouvel Empire dans la Vallée des Rois voisine. Harwa vécut entre le VIIIe et le VIIe siècle avant J.-C. et sa charge de Grand majordome de la Divine adoratrice, au sein du puissant clergé du dieu Amon, lui permit d’accumuler d’immenses richesses.
Selon l’égyptologue Francesco Tiradritti, l’étude du décor du tombeau a montré comment il se conjuguait à un répertoire iconographique archaïsant, constituant ainsi un signe avant-coureur de ce retour à l’antique typique de l’art égyptien de l’époque ultérieure. Cette tendance apparaît dans les scènes de la vie quotidienne qui ornent les murs de la cour intérieure, inspirées par des modèles de l’Ancien Empire, vieux de deux mille ans.
La structure architectonique de l’hypogée est novatrice, car elle inaugure une répartition de l’espace reprise dans les tombeaux des deux siècles suivants. Un vestibule souterrain donne sur une cour à ciel ouvert, suivie de deux vestibules hypostyles et d’une salle comportant, sur le mur central, une effigie du dieu Osiris en haut-relief.
C’est là qu’intervient un subtil et inédit artifice optique, anticipant les principes du trompe-l’œil architectural, mais qui revêt également une portée symbolique. En effet, l’image du dieu des morts domine l’intérieur de son sanctuaire, conférant ainsi au lieu une impression de plus grande profondeur.
La succession des salles constitue une transposition sur le plan architectural du passage de la vie à la mort, de la lumière de la cour à l’obscurité grandissante des entrailles de la terre où intervient la réunion du défunt avec Osiris. À ce parcours est lié le processus de régénération de Harwa : une première représentation à l’entrée de la seconde salle hypostyle le montre en vieillard ; la deuxième, sur le mur du couloir menant au sanctuaire d’Osiris, le montre rajeuni.
Le couloir, qui entoure l’ensemble de la structure souterraine, n’a pas d’équivalent dans l’architecture funéraire égyptienne. Mais ce caractère exceptionnel et l’absence de tout document écrit ne permettent pas pour le moment d’en établir la fonction, probablement liée au culte d’Osiris.
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Osiris en trompe-l’œil à Louxor
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Osiris en trompe-l’œil à Louxor