Orléans, le Musée des beaux-arts va fermer pour travaux

Orléans (Loiret). Le Covid a bouleversé le calendrier de nombreux chantiers de musées. Toutefois, à Orléans, les retards occasionnés ont paradoxalement eu du bon : en repoussant les travaux, les musées ont pu affiner leur feuille de route et saisir de nouvelles opportunités.

La municipalité envisage ainsi de créer un centre de conservation qui permettra d’externaliser les réserves de l’Hôtel Cabu, le Musée d’histoire et d’archéologie, et une partie de celles du Musée des beaux-arts. Cet équipement, qui n’était pas prévu dans le projet initial de rénovation, libérera de précieux mètres carrés dans ces établissements municipaux. D’ici à 2029, date importante car elle marque les 600 ans de la Libération d’Orléans par Jeanne d’Arc, les deux principaux musées de la Ville vont vivre une mue fondamentale. L’Hôtel Cabu pourrait gagner un tiers de surface supplémentaire en vidant les réserves qui occupent ses combles et bénéficier d’une rénovation et d’une refonte de son parcours pour mieux valoriser ses importantes collections actuellement contraintes par un manque de place. Ces travaux pourraient être menés assez rapidement et sans nécessairement fermer le site.

Contrairement au chantier d’envergure qui attend le Musée des beaux-arts : le site va fermer intégralement début 2027 pour deux ans et demi. Ce chantier, qui est validé mais dont les détails sont encore en phase d’étude, devrait coûter 20 millions d’euros. Un investissement important qui s’explique par la nature des travaux, qui incluent notamment une mise aux normes complète. Des travaux importants mais peu visibles pour le public puisqu’il s’agit de refaire le PC sécurité, améliorer l’inertie thermique du bâtiment, changer les huisseries, revoir le désenfumage, créer des centrales de traitement de l’air ; bref transformer ce bâtiment quadragénaire en musée du XXIe siècle. Autre changement important mais tout aussi invisible pour les visiteurs : le troisième étage devrait être entièrement réaménagé pour optimiser l’espace dévolu aux bureaux et créer un ambitieux centre de documentation. « Cette tranche de travaux n’était pas prévue initialement ; le retard pris sur le chantier nous a permis de l’intégrer et d’en faire un élément structurant du nouveau musée, précise la directrice du musée, Olivia Voisin. Nous venons de recevoir le don de la bibliothèque de Francis et Larissa Haskell : 15 000 livres qui vont permettre de déployer dans de nouvelles proportions ce centre de recherche. »

Le public ne sera pas trop dépaysé au terme des travaux d’autant que l’essentiel du parcours changera peu. Depuis 2016, la scénographie et l’accrochage de la quasi-totalité du musée ont en effet été repensés, à l’exception des collections allant de 1870 à nos jours. Les salles déjà revues seront donc reprises à l’identique tandis que celles en attente de refonte vont bénéficier de la partie la plus visible des travaux. « Ces espaces situés au niveau -1 vont en effet être profondément remaniés, confirme la directrice. D’autant qu’en externalisant une partie des réserves du niveau -2, nous pourrions redéployer les collections, le XXe, et surtout le XXIe siècle qui est actuellement très à l’étroit. » Le rez-de-chaussée devrait également changer grâce à l’agrandissement permis par l’annexion de l’ancien office du tourisme qui jouxte le musée. « En tout, la rénovation et l’extension nous permettront de gagner quelques centaines de mètres carrés supplémentaires mais surtout de revoir entièrement la circulation. » Le hall aujourd’hui peu engageant et fonctionnel sera ainsi entièrement réaménagé de façon à accueillir des peintures grand format et une galerie de sculptures ouvrant sur un café afin d’offrir un espace plus accueillant et une expérience de visite plus agréable. Le périmètre de ce nouveau musée n’est toutefois pas encore définitif car pour s’agrandir il doit s’étendre sous les arcades. Or le sort de cet espace, faisant face à la cathédrale, est encore en discussion avec l’architecte des bâtiments de France. Le projet présentant dans l’ensemble plusieurs contraintes, le musée n’envisage d’ailleurs pas de choisir son architecte par concours mais par le biais d’une procédure adaptée ; un dispositif offrant davantage de souplesse. Dans un souci d’efficacité, l’établissement a en outre choisi de s’adjoindre les services d’un mandataire à maîtrise d’ouvrage (Setec Organisation) et de l’entreprise Manifesto pour gérer l’itinérance de ses collections.