Ancien directeur de la Croix-Rouge, Olivier Brault est le directeur général de la Fondation Bettencourt Schueller depuis 2012.
Le projet de cette exposition est double : premièrement, célébrer vingt ans d’engagement de la fondation envers les métiers d’art et, deuxièmement, montrer que les métiers d’art ont toute leur place parmi la création française. C’est pour cela que nous avons choisi de proclamer ce message au Palais de Tokyo, qui présente parallèlement une exposition sur la scène artistique française. Notre exposition veut montrer la contemporanéité des métiers d’art. Il s’agit certes d’un trésor qui tire son héritage de l’histoire, mais d’un trésor vivant qui sait se réinventer, innover, se décloisonner pour se confronter à l’architecture, à la création contemporaine, etc.
Si nous présentons, grâce aux portraits réalisés par la formidable photographe Sophie Zénon, la grande famille des cent dix lauréats du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, nous avons effectué une sélection plus resserrée d’œuvres. Nous ne voulions pas proposer une monographie du prix. C’est pourquoi nous avons choisi un commissaire, Laurent Le Bon [président du Musée Picasso, ndlr], qui a ensuite sélectionné les œuvres, et décidé de les présenter à côté d’œuvres issues de la collection de l’École des beaux-arts de Paris.
Il ne s’agit pas de transformer l’exposition en débat idéologique. Nous ne prenons pas parti. En revanche, si les catégories sont intéressantes pour apprendre (arts mineurs, majeurs, décoratifs…), la vérité est plus complexe que cela. La vérité se situe dans l’énergie, la passion, et dans le potentiel qui s’exprime précisément en franchissant les barrières. Le choix du commissaire de présenter les métiers d’art à côté des collections des Beaux-Arts de Paris est une manière d’amener les visiteurs à respecter la main. Pour nous, la main n’est pas un organe à côté des soixante-dix autres qui composent le corps humain ; la main est une façon de célébrer l’humanité en même temps que les créateurs. Nous sommes convaincus que les métiers d’art répondent aux attentes d’aujourd’hui. L’objet fait à la main, c’est un objet de patience, un objet subtil et porteur de sens. Au bout de la main, il y a un bras, au bout du bras, une personne. Il existe donc, en même temps qu’une relation à l’objet, une histoire avec le créateur. C’est aussi cela qui nous a plu chez Isabelle Cornaro. Elle aime les objets, l’architecture, et elle aime dépasser les disciplines.
La famille qui nous a fondés ne l’a pas fait pour que cela se sache, mais pour faire du bien, et pour contribuer à la réussite et au rayonnement de la France, de sa création, de sa science… Tout en conservant ce qu’il y a de beau dans cette discrétion – qui rend incontestable notre désintérêt –, nous infléchissons toutefois, depuis peu, légèrement notre posture. Les lauréats du prix nous demandent en effet, pour leur propre réussite, d’être un peu mieux connus. Or, notre baseline est : « Donnons des ailes aux talents. » Comment le faire sans utiliser les moyens d’aujourd’hui en matière de communication ? Nous ne roulons pour personne d’autre que pour ceux que nous soutenons.
Chaque année, le prix créé par la Fondation Bettencourt Schueller en 1999 récompense et accompagne des professionnels des métiers d’art.
plus de 28 millions d’euros
C’est le montant distribué pour les seuls métiers d’art depuis la création du prix il y a vingt ans.
« L’esprit commence et finit au bout des doigts » Exposition au Palais de Tokyo, à Paris, du 16 octobre au 10 novembre 2019.
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Olivier Brault : « Les métiers d’art répondent aux attentes d’aujourd’hui »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : Olivier Brault : Olivier Brault : « Les métiers d’art répondent aux attentes d’aujourd’hui »