Un musée pour les religions du monde, tel est le projet d’un moine bouddhiste qui vient de voir le jour à Taiwan. Au service d’un œcuménisme de bon aloi, il organise la rencontre des œuvres d’art antiques, mayas et égyptiennes notamment, et de la technologie moderne.
TAIPEI - La nonne bouddhiste Hong Chih Shih, directrice du Musée des religions du Monde à Taiwan, est assise jambes croisées dans son habit de religieuse, tandis qu’elle explique avec éloquence comment les visiteurs de la nouvelle institution marcheront sur le Chemin des Pèlerins vers le Hall doré ; puis, après avoir traversé ce dernier, monteront vers le Hall du Voyage de la Vie. D’un coût de 66 millions de dollars (482,8 millions de francs), ce nouveau musée créé “pour illuminer les traditions religieuses mondiales de plusieurs perspectives et explorer la diversité et l’interconnexion des grandes religions du monde”, avait été imaginé dès 1989 par le vénérable maître Hsin Tao, moine chinois né en Birmanie. Ce dernier est le fondateur du monastère Wu Sheng sur la montagne Ling-Jiou à Taiwan, créé en 1983, qui accueille aujourd’hui plus d’une centaine de nonnes et de moines. Le musée a pour vocation d’établir des liens positifs entre toutes les grandes religions du monde à partir de deux croyances appartenant au passé – celles des Mayas et des anciens Égyptiens. Au total, dix religions sont représentées dans le grand Hall du Monde. Le maître Hsin Tao a effectué une tournée mondiale afin de promouvoir son musée auprès des autorités spirituelles, parmi lesquels Jean-Paul II qui a donné sa bénédiction par écrit. Bon nombre d’objets exceptionnels appartenant à la collection du musée, dont la figurine en bronze d’Horus datant de la XVIe dynastie (664-525 avant J.-C.), sont des dons de grands dignitaires religieux du monde entier, tels le dalaï-lama et le patriarche de Thaïlande. La collection comprendrait actuellement une bibliothèque de 6 000 ouvrages ainsi que 2 000 objets et œuvres d’art.
Les locaux qui accueillent le musée, situés dans le même bâtiment que le grand magasin Sogo, ont été donnés par un promoteur à l’institution religieuse, selon les dernières volontés de son épouse qui soutenait ce projet ambitieux. Occupant un vaste espace aux sixième et septième étages de cet immense bâtiment, les somptueux locaux sont décorés à la feuille d’or et dotés de parquets en ébène, et salle après salle, ce n’est que déploiement de technologies de pointe. L’institution dispose d’une station de radio et diffusera le message implicite de respect, de tolérance et d’amour sur les grandes ondes, mais aussi sur le Net.
L’acquisition des œuvres et l’aménagement des immenses espaces, les gadgets high-tech et les constructions sophistiquées, tel le Monde de l’Avatamsaka – un immense espace circulaire –, ont été financés par les revenus considérables du monastère. Depuis dix ans, cet ordre bouddhiste a suscité le parrainage de 100 000 donateurs, qui, tous les mois, lui offrent 3 dollars.
Musée des religions, 6e et 7e étages du grand magasin Sogo, quartier Yong He, angle de Bao Shan Road et Jong Shan Road, Taipei, Taiwan. Informations sur le monastère Wu Sheng, tél. 886 2 2760 3881, poste 405 ou 425.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Œucuménisme à Taiwan
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°136 du 9 novembre 2001, avec le titre suivant : Œucuménisme à Taiwan