Le 20 mai, près de 850 musées français et autant en Europe ouvrent leurs portes en nocturne pour célébrer « La nuit des musées ».
PARIS - Forte du succès de la première édition de « La nuit des musées » en 2005, la direction des Musées de France renouvelle l’événement le samedi 20 mai, sous le patronage du Conseil de l’Europe. Plus réfléchi, l’événement s’associe cette année à la Journée internationale des musées, soutenue par l’ICOM (Conseil international des musées) et qui a pour thème : « Les musées et les jeunes publics ». Cette nuit ne s’affiche donc pas comme une simple nocturne : elle offre un réel programme d’animations gratuites autour des œuvres, quitte à jouer parfois de la séduction.
Désirant faire oublier l’image encore trop stricte que revêt le patrimoine aux yeux du grand public, les musées de toute l’Europe ont rivalisé d’imagination pour se rendre attractifs. Si la carte des arts de la scène a déjà été jouée en 2005, celle de l’animation et de la participation du public apparaît ici comme un nouveau joker. Les ateliers de pratiques artistiques accueillent enfants, adultes et familles en nocturne, comme au Centre Pompidou où l’artiste Guillaume Linard anime « Trafic graphique » jusqu’à minuit. Une invitation qui se fait parfois plus audacieuse quand le Musée de la photographie, à Ekatinburg (Russie), convie ses visiteurs à venir costumés, ou que le Musée Fenaille, à Rodez (Aveyron), monte hardiment un bal masqué du XVIIe siècle en hommage au tableau du duc d’Arpajon (1655). Le public peut aussi être charmé de manière gustative… : le Musée Napoléon Ier, à Brienne-le-Château (Aube), et le Musée de Salagon, à Mane (Alpes-de-Haute-Provence), proposent ainsi des dégustations de vin chaud.
Morts-vivants et fêtes foraines
Quand nuit blanche rime avec carte blanche, les musées osent donc organiser des activités originales qui visent à conquérir un large public. Représentations théâtrales et concerts sont à nouveau de mise, mais, au-delà de l’aspect festif, « La Nuit des musées » reste pour les curieux une nouvelle manière d’aborder les œuvres. Au Musée de l’hospice Saint-Roch, à Issoudun (Indre), un parcours des « Cinq sens » propose aux visiteurs de goûter les œuvres non seulement par les yeux, mais aussi à travers le toucher – avec des gants –, l’odorat et l’ouïe. Les œuvres s’animent, que ce soit par la voix de conteurs lisant des écrits d’artistes au Musée des beaux-arts de Troyes, ou par le jeu d’acteurs ressuscitant les personnages d’époque, au Musée Noisot, à Fixin (Côtes-d’Or). Ailleurs, ce sont des mimes ambulants qui déambulent entre les tableaux de la Galerie nationale d’art étranger, à Sofía (Bulgarie). Testés l’année précédente, les spectacles de lumière font encore leur effet. Le Musée de la vie rurale et forestière de l’abbaye de Saint-Michel en Thiérarche (Aisne) illumine son site – déjà envoûté par une musique jouée sur les orgues de Jean Boizard (1714) –, de mille deux cent photophores et bougies de jardin. De l’étonnant à la magie et à l’étrange il n’y a qu’un pas pour embrasser le patrimoine d’un regard neuf. Le Musée municipal de Nuits-Saint-George (Côtes-d’Or) intitule sa nocturne « Nuit des morts-vivants », offrant un éclairage inédit sur les tombes mérovingiennes et stèles gallo-romaines.
Innovante, cette édition 2006 incite musées et spectateurs à la créativité. Les institutions européennes se sont dans l’ensemble prises au jeu, même si certaines grandes capitales, comme Londres, sont restées discrètes. Les festivités pourront aussi froisser les esprits conservateurs. Les œuvres ne sont pourtant pas oubliées par ces rencontres ludiques destinées à séduire le « jeune public ». Un programme de conférences et de visites gratuites accompagne par ailleurs les animations. Quant aux passionnés de parcs d’attractions, ils seront comblés grâce à l’Écomusée d’Alsace, à Ungersheim (Haut-Rhin), qui ouvre de nuit sa fabuleuse collection dédiée aux fêtes foraines…
- Participants : 1 700 musées dans environ 30 pays européens - Institution organisatrice : direction des Musées de France, sous le patronage du Conseil de l’Europe, avec la collaboration du Conseil international des musées - Partenaires : ministère de la Communauté française de Belgique, Centre de documentation des musées de Croatie, ministère de la Culture d’Espagne, ministère de la Culture de l’Italie, Commune de Gênes, Région du Piémont, Région Marche, Région de Sardaigne, Région de Sicile, ministère de la Culture de Lettonie, Associations des musées lituaniens, ministère de la Culture et du Patrimoine national de Pologne, Institut portugais des musées, Le mois des galeries et des musées du Royaume-Uni, Neuflize OBC, Metro, France Info, France Bleu, France Télévisions, Fédération française des sociétés d’amis de musées, Le mai du livre d’art.
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Nuit blanche au musée
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Abonnez-vous dès 1 €Samedi 20 mai, gratuité des musées de 19 heures à 1 heure du matin, informations : www.nuitdesmusees.culture.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : Nuit blanche au musée