Venise garde un fort mauvais souvenir du passage de Napoléon Bonaparte. Aussi, l’acquisition d’une statue de l’Empereur destinée à une niche du Musée Correr, sur la place Saint-Marc, a provoqué un tollé au sein des habitants, farouches protecteurs de la mémoire de la ville. Les associations napoléoniennes sont, quant à elles, prêtes à prendre la défense de l’Empereur. Réponse le 8 mars.
VENISE - Napoléon sera jugé le 8 mars à Venise. Le “procès” concerne l’acquisition d’une statue de l’Empereur de qualité plutôt médiocre, arrivée à Venise en catimini le 22 janvier avant l’aube et sous escorte policière. La sculpture avait été commandée à l’artiste Domenico Banti en 1811 par la chambre de commerce de Venise pour remercier Napoléon d’avoir transformé la ville en port franc. L’œuvre a disparu à la chute de l’Empereur, pour finalement réapparaître dans un jardin privé américain. Acquise chez Sotheby’s en janvier 2002, sur proposition du conseil municipal de Venise, la statue occupe actuellement une niche de l’Ala Napoleonica (l’aile napoléonienne) du Musée Correr, sur la place Saint-Marc, construite par Napoléon en lieu et place d’une église.
Financée grâce à la fondation bancaire Carive, au comité français de sauvegarde de Venise et à la Fondation Napoléon, l’opération a un coût total, frais de transport inclus, de 400 000 euros. Même si le conseil municipal s’efforce encore de convaincre les citoyens que l’argent vient de fonds privés, une association de Vénitiens s’insurge contre cet achat et menace de détruire la statue. Napoléon est considéré par beaucoup comme l’ange noir de la ville ; en 1797, l’invasion de Venise par les troupes françaises, avec son lot de destructions et de pillages, a tout simplement mis fin à la millénaire Sérénissime. L’Association napoléonienne d’Italie est quant à elle prête à prendre la défense de la statue face à l’association Venezia Libera (Venise libre).
Pendant ce temps, personne ne semble réagir à l’arrivée massive, programmée du 12 avril au 8 juin, d’une vingtaine de sculptures en bronze, hautes de trois mètres et demi, de Fernando Botero. Pour cet événement organisé par l’artiste et les Marlborough Galleries, des sculptures seront installées aux meilleurs emplacements de la ville : le long du Grand Canal, en face du Salute, de l’Accademia, de Ca’Pesaro, sur le Campo Sant’Angelo. D’autre part, une exposition de quarante peintures de l’artiste colombien se tiendra à la Sala del Piovego dans le Palais ducal, jusqu’à la mi-juin.
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Napoléon divise Venise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°166 du 7 mars 2003, avec le titre suivant : Napoléon divise Venise