1993 Née en 1969, Marie Lavandier grandit à Saint-Nom-la-Bretêche dans les Yvelines. Elle quitte cette campagne toute proche de Paris pour un bref passage en classe hypokhâgne au lycée Condorcet, avant de suivre des études d’anthropologie et d’histoire de l’art. Titulaire d’une maîtrise d’art et d’esthétique d’Afrique subsaharienne de l’université Paris I, et d’un DEA sur Pierre Soulages, elle rejoint la promotion Hubert Robert de l’Institut national du patrimoine. Elle en sort en 1993, en même temps que Laurence des Cars, Laurent Le Bon ou Sophie Makariou, et s’installe à la direction du Musée d’art et d’histoire de Dreux.
2000 Désireuse d’être impliquée dans l’aventure du futur musée national des arts dits « premiers », Marie Lavandier écrit à Stéphane Martin, chargé de sa préfiguration. Celui-ci la dirige plutôt vers un poste en Corrèze, où le Département construit un musée autour des cadeaux protocolaires reçus par la présidence de la République. Elle rencontre à cette occasion le couple Chirac qui l’incite bientôt à trouver un poste à sa mesure. La conservatrice rejoint finalement le Musée du quai Branly en 2006, « par la petite porte », dira-t-elle. Marie Lavandier est alors chargée de l’immense chantier des réserves et de la muséothèque, qui consiste à archiver plusieurs centaines de milliers d’objets dans un espace de 6 000 mètres carrés.
2010 Marie Lavandier s’éloigne des réserves du musée et du public lorsqu’elle prend la direction du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Son arrivée se fait dans un contexte social tendu, alors qu’un projet de déménagement à Cergy-Pontoise fait polémique. La conservatrice connaît tout de même de belles années dans les laboratoires du pavillon de Flore, menant la restauration de la Sainte-Anne de Léonard de Vinci, et s’impliquant dans la recherche matérielle sur les œuvres d’art au niveau international : elle assume le rôle de présidente du conseil du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) de 2013 à 2017. Au C2RMF, elle fait également preuve de prudence, en suspendant la controversée restauration du retable d’Issenheim.
2016 Nommée à la direction des musées de Nice en 2014, elle retrouve les visiteurs. Un bref passage durant lequel elle signe le commissariat d’une exposition sur Raoul Dufy. En 2016, elle devient directrice du Louvre-Lens, où elle développe une politique des publics ambitieuse. Son credo, « faire le Louvre autrement », semble porter ses fruits : Marie Lavandier aime rappeler que les trois quarts de son public vient des Hauts-de-France, et que l’établissement affiche un taux de visiteurs ouvriers bien au-dessus de la moyenne nationale. En menant l’établissement à la démocratisation et à la décentralisation culturelle, Marie Lavandier marque un tournant dans sa carrière. Étudiante à Paris, cette fille d’artisan ébéniste avait elle-même « ressenti ce plafond de verre », comme elle le confiait sur France Culture en 2022.
2023 La nomination de Marie Lavandier à la tête du Centre des monuments nationaux est une demi-surprise compte tenu de son parcours muséal. La nouvelle présidente réunit les compétences managériales, scientifiques, techniques, et un précieux savoir-faire en matière d’ouverture aux publics dits « empêchés ». À la tête de l’établissement public réunissant une centaine de monuments et une maison d’édition, sa mission de démocratisation culturelle s’incarnera immédiatement sous la forme d’un grand chantier présidentiel au cœur d’une région paupérisée : la cité internationale de la francophonie de Villers-Cotterêts, qui devrait ouvrir à la fin de l’été. Première conservatrice à diriger l’établissement, elle succède à Philippe Bélaval, qui lui a laissé un opérateur aux sources de revenus diversifiés, avant de rejoindre le cabinet d’Emmanuel Macron. Quant à la politique des publics, le conseiller Culture du président a pavé la voie en lançant plusieurs expérimentations de tiers-lieux.
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Marie Lavandier, une conservatrice soucieuse de démocratisation culturelle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°609 du 14 avril 2023, avec le titre suivant : Marie Lavandier, présidente du Centre des monuments nationaux : Du Louvre-Lens au CMN, une conservatrice soucieuse de démocratisation culturelle