Le Forum antique de Bavay vient d’acquérir en connaissance de cause un faux du XIXe siècle pour ses vertus pédagogiques.
Le Forum antique de Bavay (Nord) conserve des vestiges uniques : ceux du forum de Bagacum, le plus grand découvert en France et l’un des plus importants à l’échelle de l’Empire romain. Le sol de cette cité prospère, capitale des Nerviens il y a 2 000 ans, recèle de précieux trésors. Dès le XVIIIe siècle, ce prestigieux patrimoine a été redécouvert et a donné lieu à d’intenses et fructueuses campagnes de fouilles. La curiosité des érudits s’est rapidement accompagnée de l’intérêt de nombreux faussaires.
La richesse de Bavay génère un microcosme local avec ses érudits et ses antiquaires qui organisent des fouilles et fondent des cabinets de collectionneurs. Un réseau d’acheteurs se met en place dès le XIXe siècle, qui se fournit auprès des habitants, essentiellement des agriculteurs qui exhument régulièrement des objets de leurs champs. Rien que le musée du site conserve plus de 60 000 pièces ; d’autres objets sont exposés au British Museum ou encore au Musée du cinquantenaire à Bruxelles.
En 1834, l’escroc prétend avoir découvert l’urne funéraire d’Hirtius, un redoutable lieutenant de Jules César. Le bronze est présenté à la Société des antiquaires de France, qui identifie une erreur grossière dans l’inscription sur l’urne. En outre, le style de l’objet ne les convainc pas. Le verdict tombe : il s’agit d’un faux. On découvre le pot aux roses : Bochard se fournit en réalité auprès de marchands de faux parisiens. Son business périclite et ses précédentes trouvailles deviennent suspectes.
Si la majorité des inventeurs sont honnêtes, d’autres sont moins scrupuleux et l’engouement pour ce patrimoine propulse en quelques années cette petite localité de l’Avesnois plaque tournante du commerce de faux. Un de ces escrocs, Hector Bochard, a particulièrement défrayé la chronique. Celui que les gazettes qualifient de « cultivateur éclairé » est parvenu à duper des savants et des personnalités, dont le préfet du Nord. Il a aussi vendu des faux aux musées de Lille, Douai et Valenciennes.
Les avis divergent cependant sur la nature de la fraude : s’agit-il d’un objet de la Renaissance trafiqué ou d’une pure contrefaçon du XIXe ? Pendant 150 ans, le mystère reste entier, car l’objet disparaît avant de refaire surface en 2019. Prévenu par la maison de ventes Artémis, le Forum antique décide de l’acquérir avec l’objectif de rouvrir le cold case des faux bronzes de Bavay, mais aussi de s’en servir comme objet pédagogique au cœur de son parcours pour raconter l’évolution de l’expertise.
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L’urne d’Hirtius
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : L’urne d’Hirtius