PARIS
L'Unesco a proposé d'envoyer une mission d'experts au Nagorny Karabakh, « avec l'accord des parties concernées », pour faire un inventaire des biens culturels de la région, a annoncé vendredi l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, basée à Paris.
Au cours de rencontres mercredi avec les représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, sa directrice générale, Audrey Azoulay, « a proposé le concours technique des services de l'Unesco » en vue d'une éventuelle « mission sur le terrain afin de dresser un inventaire préliminaire des biens culturels les plus significatifs, comme préalable à une protection effective du patrimoine de la région ».
A ses interlocuteurs, Mme Azoulay a « réaffirmé la dimension universelle du patrimoine culturel, témoin de l'histoire et indissociable de l'identité des peuples, que la communauté internationale a le devoir de protéger », selon un communiqué de l'Unesco. Elle a notamment évoqué la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé qui permet au secrétariat de l'Unesco d'envoyer une telle mission. Néanmoins, cela ne s'est jamais produit ; ce serait donc une première.
Ces dernières semaines, l'Unesco a reçu, des deux parties en conflit, un flot d'informations sur des violations présumées touchant le patrimoine et les biens culturels du Haut-Karabakh : destructions, vandalisme...
Pour s'assurer de la possibilité de la mise en œuvre d'une telle mission, Audrey Azoulay a mené une série de consultations, ces derniers jours, avec l'Azerbaïdjan et l'Arménie, mais aussi avec les coprésidents du groupe de Minsk (France, Russie, Etats-Unis) de l'OSCE, médiateurs dans ce conflit. Ayaz Gojayev, délégué permanent adjoint de l'Azerbaïdjan auprès de l'Unesco et Christian Ter Stépanian, ambassadeur arménien, délégué permanent auprès de l'Unesco, ont chacun manifesté « une ouverture sur le principe », ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
Mme Azoulay s'est entretenue en début de semaine avec l'ambassadeur russe auprès de l'Unesco, après que le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov eurent évoqué leur souhait que l'Unesco s'engage pour la protection du patrimoine, selon l'organisation.
« Fenêtre d'opportunité »
Elle a poursuivi ses consultations jeudi soir auprès du président français Emmanuel Macron qui a apporté son soutien à l'initiative de l'Unesco, indique-t-on de mêmes sources, avant de s'entretenir vendredi à 13h00 (12h00GMT) avec le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov. Ce dernier l'a « félicitée pour cette initiative et a apporté le plein soutien de la Russie », selon ces sources. Lors de cette conversation téléphonique ont notamment été évoquées « les prochaines étapes et l'importance de l'appui politique à cette initiative ». L'Unesco devrait poursuivre les contacts « avec tous les acteurs qui souhaitent y contribuer ».
Si la prudence reste de mise, « on a le sentiment à l'Unesco qu'il existe une fenêtre d'opportunité et qu'on a les bases pour avancer », alors que depuis la première guerre des années 90, l'agence onusienne n'a jamais pu se rendre dans cette région, malgré des tentatives en ce sens.
Le Haut-Karabakh, enclave indépendantiste d'Azerbaïdjan soutenue par l'Arménie avait déjà été le théâtre d'une guerre ayant fait plus de 30 000 morts au début des années 1990.
Une fois les conditions politiques réunies, il restera la phase pratique de l'envoi d'une telle mission, complexe et qui devrait prendre plusieurs semaines. Devront notamment être déterminés le périmètre de la mission - l'Unesco souhaitant pouvoir accéder aux zones géographiques des deux côtés -, les biens qui seront visés, et la composition même de la mission, avec le choix d'experts « incontestables ». Une phase « compliquée » aussi.
Cet article a été publié par l'AFP le 20 novembre 2020.
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L'Unesco propose l'envoi d'une mission d'experts au Nagorny Karabakh
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