Suite à un appel d’offres infructueux, la Ville de Roubaix va revoir son cahier des charges entraînant six mois de retard qui bouleversent le calendrier du Musée d’art et d’industrie.
ROUBAIX - Publiés en juillet, les appels d’offres pour l’extension du Musée de la Piscine n’ont pas donné satisfaction : « lorsque l’on a ouvert les enveloppes, le montant total était bien au-delà du budget prévu », explique Frédéric Minard, adjoint à la Culture à la Ville de Roubaix. Sur un budget prévisionnel de 6,5 millions d’euros hors taxes (7,8 millions d’euros TTC), le surcoût est en effet d’un million d’euros, à la seule charge de la municipalité. « Il y a moins d’entreprises en été et de trop grands lots ont pu effrayer les entreprises », une seule réponse ayant été reçue pour un des trois lots du chantier, commente l’adjoint à la Culture. Une consultation et un dialogue ont été lancés à l’automne auprès des entrepreneurs, mais le montant n’a pas changé : la faute aussi à une mise en concurrence difficile.
Il ajoute que la Ville a décidé de faire un effort de simplification du cahier des charges en lien avec le cabinet de l’architecte Jean-Paul Philippon, déjà aux commandes de la transformation de la piscine en musée en 2001. Des négociations avec l’État, la Région et la Métropole ont abouti à la sécurisation des financements croisés malgré le glissement du calendrier, qui va donc prendre six mois de retard. « Cela vaut le coup pour arriver au montant le plus juste », insiste Frédéric Minard.
Un agrandissement indispensable
Au musée, on se veut volontaire : « le musée traverse une bonne crise de croissance », rassure Bruno Gaudichon, directeur du Musée d’art et d’industrie André Diligent ouvert en 2001 sur le site de l’ancienne piscine municipale. L’extension, rendue nécessaire par la fréquentation accrue du musée (prévue pour accueillir 50 000 à 60 000 visiteurs à son inauguration, la Piscine a accueilli en 2015 près de 240 000 visiteurs), prévoit un nouvel espace dédié à la sculpture, la reconstitution de l’atelier du sculpteur Henri Bouchard (1875-1960) transféré en 2006 au musée, une salle pour les peintres du Groupe de Roubaix (actifs entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début des années 1970) dont le musée abrite une très belle collection en réserve, et une salle sur l’histoire de Roubaix. Le projet comporte aussi la création d’ateliers dédiés au jeune public, dont l’institution manque cruellement : le musée a poutant accueilli 59 000 enfants en 2015.
Au total, l’agrandissement porte sur 1 600 m2, dans un chantier prévu par tranches afin de garder le musée ouvert pendant les travaux. « Seule la grande salle d’expositions temporaires sera bloquée pendant toute la durée du chantier » pour accueillir le chantier des collections, précise Bruno Gaudichon. En principe, la salle devait fermer après l’exposition Chagall, le 31 janvier. « Le retard de calendrier permet à l’exposition d’Albert Braïtou-Sala de prendre de l’envergure, c’est une bonne opportunité », positive le directeur. Prévue initialement dans les salles annexes du musée, « Albert Braïtou-Sala (1885-1972) L’élégance d’un monde en péril » exposera dès le 19 mars les peintures mondaines de cet artiste très prisé dans le Paris des Années folles. Après, la programmation est en suspens : « concevoir une programmation tant qu’on n’a pas de calendrier précis est compliqué », commente Bruno Gaudichon. Les expositions de 2017 et 2018 ont donc été décalées. Le Musée a lancé en décembre un appel à générosité publique. « Le lancement était prévu et porte sur des compléments d’aménagement », explique Bruno Gaudichon. L’aménagement de la salle sur l’histoire de la ville de Roubaix a déjà été financé par le mécénat d’entreprise, à hauteur de 400 000 euros. La campagne actuelle de financement participatif, très en vogue, vise les 200 000 euros et court jusqu’au 29 février. Il porte sur trois espaces : les soclages du patio de sculptures, l’aménagement de la salle du Groupe de Roubaix et le développement des ateliers jeune public.
À la mairie, le message est clair, l’extension aura bien lieu. Si le deuxième appel d’offres aboutit encore à un dépassement de coûts, une possibilité fort probable, la ville abondera au budget, sans demander l’aide de ses partenaires (la Région participe à hauteur de 2,1 millions d’euros, l’État comme la Ville pour 1,3 million et la Métropole 1,05 million). « Un musée comme La Piscine, qui a explosé tous les compteurs au bout de quinze ans, il n’y a aucun doute sur l’utilité de son agrandissement ! », insiste Frédéric Minard.
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L’extension de La Piscine traîne en longueur
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Abonnez-vous dès 1 €La Piscine, vue du projet d'extension du musée réalisé pour le concours de 2011. © Jean-Paul Philippon.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°450 du 5 février 2016, avec le titre suivant : L’extension de La Piscine traîne en longueur