Les habitants de Tokyo peuvent enfin voir des œuvres d’art contemporain dans un musée public. Le bâtiment conçu par Takahiko Yanagisawa, d’une superficie de 33 000 m2, a coûté 40 milliards de yens (2,3 milliards de francs). Mais, déjà, une controverse au sujet du prix des dernières acquisitions oppose les responsables du nouveau musée à la presse japonaise.
LONDRES - Le Musée d’art contemporain de Tokyo, dont la construction a débuté en 1991, est ouvert depuis le 18 mars. M. Kamon, précédemment au Bridgestone Art Museum de Tokyo, en est le premier directeur. Le musée dépend de la Ville de Tokyo, et la collection permanente – 3 500 œuvres, dont près de 90 % par des artistes japonais – a été constituée grâce au transfert de 3 000 œuvres conservées à la Galerie d’art de la Ville de Tokyo, fondée en 1926. De plus, depuis le lancement du projet en 1988, 500 acquisitions nouvelles ont été faites, notamment pour enrichir la collection d’artistes européens et américains.
Au début de l’année, le musée a déclaré à la municipalité avoir acheté trente-neuf œuvres d’art, chacune d’un prix supérieur à 50 millions de yens (2,9 millions de francs). Les 30 millions de francs déboursés pour Girl with a hair ribbon de Roy Lichtenstein, notamment, ont paru exorbitants. Par ailleurs, la presse japonaise a accusé le musée d’avoir sous-estimé les prix de plusieurs de ses acquisitions, conclues à un peu moins de 10 millions de francs, alors que tout achat supérieur à cette somme doit faire l’objet d’une autorisation des services de la Ville.
Le musée a absolument besoin d’une reconnaissance internationale pour bénéficier du système d’échanges et de prêts internationaux entre grandes collections publiques, comme la Tate Gallery ou le Centre Georges Pompidou. Ainsi, la rétrospective sur l’art des années soixante dans les pays occidentaux, prévue pour le mois de septembre, ne présentera de véritable intérêt que si les conservateurs obtiennent de nombreux prêts.
Pour couvrir les frais des trois premières expositions temporaires, les conservateurs ont pris la décision de ne pas faire appel au mécénat d’entreprise, en dépit de la longue tradition japonaise dans ce domaine.
L’exposition Anthony Caro organisée en liaison avec le British Council, qui se tient du 1er juillet au 3 septembre, devrait contribuer à asseoir la réputation du nouveau musée à l’étranger. Une centaine de pièces illustrent les étapes de la longue carrière du sculpteur britannique, et ses assemblages en acier soudé vont trouver ici un cadre à leur mesure.
L’architecte japonais Tadao Ando, récent lauréat du Pritzker Price, a collaboré avec Anthony Caro pour la présentation de l’ensemble. Des débris de ciment pulvérisés entourent les œuvres sur les terrasses, puis forment un chemin qui mène à l’atrium de 19 m de haut. Cette liaison entre l’extérieur et l’intérieur crée ainsi une atmosphère zen.
Une rétrospective de l’art japonais des années soixante sera organisée au début de 1996 puis, au printemps, une exposition Andy Warhol est prévue en collaboration avec le Musée Warhol de Pittsburgh.
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Les premiers pas du Musée de Tokyo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Les premiers pas du Musée de Tokyo