Si dans les villes de moins de 20 000 habitants les grandes structures s’imposent logiquement en tête du classement, certains musées aux moyens plus modestes arrivent à se hisser à un bon niveau.
Le palmarès des musées des villes de moins de 20 000 habitants regroupe les structures, les thématiques et les tutelles les plus diverses. Parmi les dix premiers, on trouve trois musées nationaux, trois musées départementaux, un musée de l’Institut de France et trois établissements sous tutelle conjointe d’une région, d’un département et d’une commune : la palette est complète, large, hétérogène.
Mais tous ont un défi commun : attirer dans leurs murs des visiteurs venus parfois de loin découvrir un lieu, une histoire, parfois un artiste et faire vivre des institutions qui ne peuvent pas forcément s’adosser sur des infrastructures solides comme dans les grandes agglomérations.
Le palmarès 2014 consacre le Musée national du château de Fontainebleau. Avec 453 000 visiteurs par an, le château a certes un bassin de visiteurs assurés, dont la moitié de touristes. Gâté par sa renommée, le lieu bénéficie depuis quatre ans du Festival de l’histoire de l’art : cette année encore, l’édition de 2014 a accueilli 30 000 visiteurs. L’institution peut aussi compter sur des mécènes passionnés pour entretenir l’imposant édifice dont il a la charge. En termes de ressources propres, la billetterie et la location des espaces pour l’événementiel place en très bonne position le musée.
Détrôné par Fontainebleau, le Musée départemental Matisse au Cateau-Cambrésis pâti d’une année 2013 en demi-teinte. Avec une baisse de 9 % des visiteurs payants, le musée paye peut-être une programmation quelque peu éloignée de son cœur de cible, après une année faste en 2012. Carrie Pilto, qui a remplacé l’emblématique Dominique Szymusiak à la tête de l’institution, vient de quitter ses fonctions, un peu plus d’un an après sa nomination. Le musée, fortement soutenu par le département, est un des poumons économiques du Cateau-Cambrésis (7 000 habitants) et une locomotive pour les boutiques de la ville : les réussites ou les échecs de la programmation ont des impacts directs.
Des labels avantageux
Le Centre national du costume de scène (CNCS) à Moulins se voit décerner très logiquement la seconde place du classement : depuis son ouverture en 2006, le dynamisme de l’établissement ne fléchit pas. En 2013, le musée a inauguré son premier parcours permanent, issu du don de la Fondation Rudolf Noureev : cette collection permanente permet aujourd’hui au CNCS d’être ouvert toute l’année, tout en maintenant une programmation temporaire attractive.
Pour les petites communes, l’obtention du label « Exposition d’intérêt national » du ministère de la Culture est une bénédiction : preuve de la qualité du projet, il attire de nouveaux visiteurs et étend la renommée de l’établissement au-delà de son bassin local. En 2013, le Musée de l’hôtel de Sandelin, à Saint-Omer, s’est vu décerner le précieux label pour l’exposition « Une Renaissance, l’art entre Flandre et Champagne, 1150-1250 ». Le partenariat avec le Musée de Cluny a permis au musée d’accroître sa fréquentation de 80 % : horaires aménagés, nocturnes et ouverture les jours fériés durant l’exposition ont permis un succès populaire, et un impact positif sur les recettes commerciales (en hausse de 66 %). Le musée gagne 62 places par rapport au palmarès précédent. Cette année encore, le succès des musées d’histoire et de société ne se dément pas auprès du public : l’Historial de la Vendée et le Mémorial de la Grande Guerre se classent respectivement 5e et 9e du palmarès : l’année 2014, riche en commémorations, devrait confirmer ces bons résultats. Visites familiales et scolaires permettent à ces musées d’afficher une fréquentation stable et le regard des historiens de renouveler la programmation scientifique. Le Familistère de Guise, en pleine rénovation de ses abords, aura une année 2014 chargée, avec la réouverture de plusieurs salles : nul doute que sa place dans le peloton de tête sera renforcée par ce travail scientifique et son chantier des collections. Un nouveau venu dans ce classement s’offre une belle place : le Musée Lalique à Wingen-sur-Moder, inauguré en 2011, se classe 16e. La collaboration entre l’établissement public et l’entreprise de verrerie s’avère payante. En 2013, le musée a choisi de renforcer son accueil pour les différents types de handicaps en déployant des ateliers pratiques pour les personnes handicapées mentales, des visites en langage des signes et des collaborations avec des artistes handicapés.
Seuls 71 musées sur les 123 de ce classement ont un site internet dédié : un chiffre faible par rapport aux autres classements. Une page sur le site d’une municipalité, d’un département ou d’une région est le minimum pour avoir les informations pratiques, mais à l’heure où la diffusion de l’information et l’attractivité passent obligatoirement par le numérique et la présence sur le web, il est indispensable de proposer une préparation à la visite via Internet. Ainsi, le Musée départemental de la Bresse (14e de ce classement) ne dispose pas d’un site internet dédié, alors que le musée a rouvert en 2005 dans un bâtiment contemporain de 3 000 m2 et propose maintenant une programmation d’art contemporain… Absents du web, ces musées se privent d’un outil de communication peu coûteux en regard de son potentiel.
Le Musée archéologique de Civray, dernier du classement, est représentatif de nombre de petits musées municipaux. Le musée, créé en 1960 et labellisé Musée de France, présente des collections archéologiques, fruit des chantiers de fouilles des alentours. Les collections (quelques centaines d’objets) appartiennent à une Association des amis, la municipalité prêtant des salles dans la maison du tourisme. Il n’y a pas de billetterie, l’entrée est gratuite, un petit dépliant offert donne les explications sur les objets exposés dans les vitrines. Aucun personnel n’est à proprement parler dédié au musée même si, depuis deux ans, une personne est chargée du récolement des collections. La renommée du musée tient à la proximité de la grotte du Chaffaud, où un os de renne retrouvé en 1837 fut la première preuve d’un art préhistorique (l’os est aujourd’hui exposé au Musée de Saint-Germain-en-Laye). Sans moyens, ce genre de musée arrive néanmoins à subsister grâce à quelques passionnés : l’Association des amis du Pays civraisien organise chaque année une conférence mensuelle et finance ainsi le récolement des collections.
Dans ce classement, une vingtaine d’institutions sont dédiées à l’archéologie. Ces musées revêtent plusieurs formes, mais toujours avec un ancrage fort sur un territoire et un site de fouille. Certains sont des musées externalisés des chantiers de fouilles, qui regroupent historiquement les découvertes locales, tel le musée archéologique Théo Desplans à Vaison-la-Romaine (31e), créé en 1974 pour regrouper les collections municipales et les dons faits à la ville, vitrine du patrimoine archéologique de la cité. Les sites archéologiques sont souvent associés à la recherche : l’INRAP collabore ainsi avec plusieurs institutions, comme le Musée des Tumulus de Bougon (27e) qui continue d’être étudié. À Bougon, des fouilles continues, un centre de documentation et des expérimentations menées par des ingénieurs de l’INRAP permettent à l’institution de se renouveler chaque année autour d’expositions temporaires et de participer à l’attractivité du territoire.
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Les musées des petites villes à l’œuvre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : Les musées des petites villes à l’œuvre