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Les expositions dopent les musées parisiens

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2019 - 868 mots

PARIS

À l’image du Louvre et de ses 10 millions de visiteurs, les musées parisiens ne désemplissent pas et retrouvent peu à peu les niveaux de fréquentation d’avant l’année 2015.

Paris. 2018 restera l’année où la barre symbolique des 10 millions de visiteurs aura été franchie par le Louvre. C’est un record mondial et historique, frôlé en 2012 avec 9,7 millions de visiteurs lors d’une année qui avait été marquée par l’ouverture du département des Arts de l’Islam et les expositions consacrées à Léonard de Vinci et à Raphaël. En comparaison, le Metropolitan Museum of Art de New York n’a accueilli « que » 7,4 millions de visiteurs en 2018, un chiffre pourtant en augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente. Mais pas assez, pourtant, pour rivaliser avec les 25 % d’augmentation dont peut se targuer le musée parisien, dus en grand partie au succès de l’exposition « Delacroix (1798-1863) » de mars à juillet. Avec 540 000 visiteurs venus admirer les toiles du peintre, l’exposition constitue pour le Louvre un deuxième record en 2018, la consacrant exposition la plus fréquentée de tous les temps pour l’institution. Selon le musée, cette hausse de fréquentation n’affecte pas la qualité de visite, grâce aux aménagements et à l’achèvement du chantier du projet « Pyramide » en 2016.

Regain du tourisme à Paris au premier semestre

Cette fréquentation exceptionnelle est surtout portée par le regain du tourisme en France et en particulier à Paris, où le Comité régional du tourisme Île-de-France prévoyait déjà à l’été une année historique en affluence, constatant que les six premiers mois de l’année sont le meilleur semestre depuis dix ans. Avec près de 75 % de visiteurs étrangers, le Louvre est très sensible aux évolutions des flux touristiques internationaux. 10 millions, c’est aussi la barre franchie par le Centre des monuments nationaux (CMN) en fréquentation cumulée des cent sites qu’il gère et anime, signe, là encore, de la reprise du tourisme international : près d’1,7 million de touristes avaient visité l’Arc de triomphe avant son saccage le 1er décembre et 859 000 visiteurs sont entrés au Panthéon.

De manière plus discrète, une autre barre symbolique vient d’être franchie à deux pas du Louvre : le Musée de l’Orangerie, après plusieurs années d’augmentation continue, a accueilli sans battage plus de un million de visiteurs en 2018. L’exposition temporaire « Nymphéas. L’abstraction américaine et le dernier Monet » a attiré ainsi près de 403 000 personnes.

De l’autre côté de la Seine, c’est Picasso qui permet à Orsay, auquel l’Orangerie est rattachée de retrouver des couleurs. Comme le laissaient présager les files d’attente devant le musée, « Picasso. Bleu et rose », vue par près de 670 000 paires d’yeux, établit un nouveau record après « Van Gogh/Artaud. Le suicidé de la société » en 2014 (654 000 visiteurs). Avec 3,1 millions d’entrées, le Musée d’Orsay retrouve petit à petit les niveaux, avoisinant 3,5 millions, d’avant les attentats parisiens de 2015.

Après deux années stables, la fréquentation du Centre Pompidou augmente quant à elle de 5 % avec près de 3,55 millions de visites. Les deux expositions temporaires majeures de l’année, « César, la rétrospective » et « Chagall, Lissitzky, Malévitch… L’avant-garde russe à Vitebsk, 1918-1922 » ont attiré chacune près de 300 000 personnes, un chiffre dans la fourchette basse des bilans habituels du Centre. La hausse globale s’explique surtout grâce à un accroissement de 18 % des entrées dans les collections permanentes, fait assez rare pour être mentionné.

Succès pour Alfons Mucha au musée du Luxembourg

2018 restera une belle année pour le Musée du Luxembourg, avec un chiffre en hausse de 42 % par rapport à 2017 avec 423 000 visiteurs : grâce au peintre tchèque Alfons Mucha, l’institution renoue avec le succès. 270 000 visiteurs en avaient poussé les portes au 31 décembre. Face à cette affluence, le musée a ajouté quatre nocturnes fin janvier. Le Grand Palais, en revanche, fait beaucoup moins bien que l’an dernier, en repli de 20 % avec 1,1 million de visiteurs. En 2017, Gauguin, Rodin et Irving Penn avaient dépassé les 300 000 visiteurs. Cette année, seul « Miró » a atteint ce cap avec 333 000 visiteurs au 31 décembre. « Michael Jackson : On the Wall » avait, au début janvier, attiré seulement 70 000 admirateurs.

Un bilan en demi-teinte qui profite au Petit Palais, lequel dépasse cette année le Grand Palais avec une fréquentation historique de plus d’1,2 million de personnes venues découvrir des expositions variées, des accrochages temporaires et une nouvelle « galerie des sculptures ». Paris Musées, qui gère les quatorze musées de la Ville de Paris, peut se réjouir : malgré la fermeture du Musée Carnavalet, celle du Musée Galliera à l’été, et les travaux en cours au Musée d’art moderne, la fréquentation globale se maintient à plus de 3 millions de visiteurs, grâce en particulier à la progression du Musée d’art moderne (+ 6 %) qui a reçu 540 000 visiteurs.

Enfin, à quelques kilomètres de Paris, un autre établissement a profité des bons résultats du tourisme international : en 2018, le château de Versailles a pour la première fois franchi la barre des 8 millions de visiteurs (pour le musée, le château et le domaine), un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2017. Plus modeste mais constant, le château de Fontainebleau progresse de 3 % (515 000 visiteurs).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°515 du 18 janvier 2019, avec le titre suivant : Les expositions dopent les musées parisiens

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