Préhistoire

ART PARIÉTAL

Les « découvreurs » de la Grotte Chauvet enterrent la hache de guerre

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 7 février 2018 - 550 mots

VALLON-PONT-D'ARC

Le propriétaire des sites, le délégataire et le trio qui a trouvé la grotte ornée se sont enfin mis d’accord.

Le Pont d’Arc. « C’est un accord historique », se félicite Laurent Ughetto, nouveau président (PS) du département de l’Ardèche. Il n’a pas tort, l’accord avec les découvreurs de la Grotte Chauvet, Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel et Christian Hillaire met fin à vingt-trois années de bagarres judiciaires et ouvre de nouvelles opportunités pour toutes les parties. Il y a en fait deux protocoles. Le premier, signé entre les « inventeurs » et le syndicat mixte propriétaire du site et de la réplique va permettre au syndicat d’organiser une exposition internationale itinérante (sur le modèle de Lascaux 3), en pouvant utiliser des images et des films qui seront rémunérés au trio 50 000 euros. Le second concerne la société Kléber Rossillon, gestionnaire de la caverne du Pont-d’Arc ; en contrepartie d’une rémunération de 1,7 % (au total) sur le prix du billet d’entrée versée aux découvreurs, celle-ci pourra faire appel à eux pour des conférences, des animations. C’est un atout pour Fabrice Tareau, le directeur du site, qui va pouvoir aussi mieux mettre en valeur le rôle du trio, une demande récurrente des visiteurs qu’il ne pouvait satisfaire compte tenu des obstacles juridiques. « Nous sommes ravis de pouvoir raconter notre aventure à des gens forcément très à l’écoute », s’enthousiaste de son côté Jean-Marie Chauvet, qui se dit prêt à s’investir.

Mais plus encore, cet accord va permettre enfin à la réplique de pouvoir utiliser le nom Chauvet dans sa communication et surtout dans sa dénomination. Le monde entier connaît la grotte sous son nom de Chauvet, et bien peu, en tout cas pas les étrangers, font le lien avec la caverne du Pont-d’Arc. Combien de fois, le GPS de Google a-t-il conduit les visiteurs voulant aller à la réplique à la grotte (ou plus précisément sur le parking au pied de la falaise, l’entrée de la grotte est aujourd’hui anonymisée) ? « Nous sommes en réflexion avec les découvreurs et le syndicat pour utiliser le nom Chauvet dans le nom du site », explique Fabrice Tareau. L’option la plus naturelle serait que la réplique s’appelle la caverne Chauvet. Une perspective qui ne déplairait pas à Jean-Marie, « sous réserve de l’accord d’Éliette et de Christian », tient-il à préciser.

La hache de guerre a pu être enterrée, car il y a eu un renouvellement des décideurs du côté des institutions et de l’autre une lassitude des découvreurs. Fatigués par des années de procès coûteux, le plus souvent perdus, l’âge aidant (65 ans pour Jean-Marie), ils avaient envie de tourner la page et d’être associés aux actions du Syndicat mixte. « Je suis arrivé au bon moment », explique Laurent Ughetto, « nous avons repris les négociations sur de nouvelles bases », et une fois la confiance rétablie, il n’a fallu qu’un mois pour arriver à un accord. Les rémunérations sont très loin de ce que le trio espérait : moins de 25 000 euros par an pour chacun des découvreurs, qui avaient cependant obtenu 3 millions de francs au total (450 000 euros) en 2000. L’accord arrive à point nommé pour la caverne, qui enregistre une légère baisse de ses entrées, 420 000 contre 503 000 en 2016, principalement imputable à une diminution des entrées « groupe adulte » et qui va pouvoir ainsi optimiser sa communication.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : Les « découvreurs » de la Grotte Chauvet enterrent la hache de guerre

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