Selon les Amis de Kenwood House, cette demeure du XVIIIe siècle située à Hampstead Heath, dans le nord de Londres, est aujourd’hui en péril. Accusé de délaisser sa collection de renommée internationale, qui comprend de remarquables tableaux de Vermeer, Rembrandt, Cuyp, Van Dyck, Gainsborough et Reynolds, l’English Heritage a vigoureusement protesté.
LONDRES (de notre correspondant) - Sir Jocelyn Stevens, le directeur de l’English Heritage, n’a pas mâché ses mots en traitant les Amis de Kenwood House de "fauteurs de trouble" au "comportement très agressif". Sa colère visait en réalité le directeur des Amis, George Levy, un antiquaire respecté et impliqué de longue date dans la conservation du Patrimoine. Ce dernier déplore pour sa part l’attitude de l’English Heritage : "Il est dommage que l’administration qui gère Kenwood ne se rapproche pas des associations de bénévoles qui entretiennent depuis longtemps la demeure et ses collections".
Boycott des réunions
La querelle remonte au mois de décembre 1995, après le déménagement pour un immeuble d’Oxford Street des conservateurs responsables des quatre demeures historiques de l’English Heritage à Londres (Kenwood, Marble Hill, Chiswick House et Ranger’s House), jusqu’alors installés à Kenwood. Les Amis estiment que leur éloignement a nui au bon entretien de la demeure ; ils ont également exprimé leur inquiétude de voir fermer des salles et craignent que le million de livres (8 millions de francs) de budget annuel de fonctionnement de Kenwood n’amène l’English Heritage à privilégier des activités lucratives au détriment de la conservation et de la recherche.
L’English Heritage se défend de ces accusations, soutenant que le transfert des conservateurs à Oxford Street a, au contraire, renforcé leur efficacité. Le conservateur en chef, Ian Dejardin, se rend à présent à Kenwood deux fois par semaine, accompagné lorsque nécessaire par les conservateurs concernés. Depuis décembre, le seul reproche formulé par les détracteurs concernait le déplacement d’un portrait et d’un buste de Lord Iveagh – qui a fait don de sa demeure à sa mort en 1827 –, replacés depuis où ils étaient exposés à l’origine.
Quoi qu’il en soit, sir Stevens a interrompu toute relation avec les Amis de Kenwood. Les représentants de l’English Heritage, qui siègent normalement au conseil des Amis, ont boycotté leur réunion du 23 avril. Les ponts ont également été coupés avec le groupe de liaison des Musées et Demeures historiques de Londres, la structure créée par le gouvernement après que l’English Heritage eut pris en charge la gestion des quatre demeures en 1985.
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Les amis de mes Amis…
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Les amis de mes Amis…