Fondé il y a vingt ans et rattaché au Fitzwilliam Museum de l’université de Cambridge, le Hamilton Kerr Institute s’est imposé en Grande Bretagne comme le premier centre de formation à la restauration. Il mène actuellement une recherche sur les craquelures des peintures anciennes.
WHITTLESFORD, CAMBRIDGE - Où sont restaurées les œuvres endommagées dans l’incendie du palais d’Hampton Court, ou bien les tableaux de la collection royale ? Où sont formés les futurs restaurateurs ? Au Hamilton Kerr Institute, idylliquement installé dans un village au bord de la rivière Cam et qui va fêter ses vingt ans d’existence.
Le Christ dépouillé de ses vêtements du Greco, aujourd’hui conservé à Upton House – qui dépend du National Trust –, le Portrait d’Henry Prince de Galles de Robert Peakes – des collections de Parham House –, et le tableau de Paolo Uccello Chasse dans la forêt – de l’Ashmolean Museum d’Oxford – sont parmi les nombreuses œuvres restaurées ou ayant fait l’objet de travaux de conservation par l’équipe de chercheurs et les étudiants de l’Institut.
Aucun financement de l’État
L’enseignement associe des travaux pratiques en atelier à l’étude des méthodes scientifiques de pointe. Les étudiants formés à l’Institut travaillent aujourd’hui aussi bien à la Gemäldegalerie de Berlin, au Balboa Art Conservation Center en Californie, au Frans Halsmuseum à Haarlem, ou au Projet de conservation de Calcutta.
Une telle entreprise nécessite des fonds importants. L’institut, qui ne reçoit aucun financement de l’État, dépend donc des honoraires qu’il perçoit pour les travaux de restauration, et du mécénat de fondations d’entreprises et de particuliers.
Une campagne de collecte de fonds est en cours pour acquérir les instruments et les appareils scientifiques nécessaires au travail de recherche du restaurateur moderne. 60 000 livres (480 000 francs) seront affectés à l’achat d’un spectromètre Fourier à infrarouges et microscope incorporé – destiné à l’étude des couches de peinture et à l’analyse de microscopiques échantillons de peinture prélevés dans une couche précise, afin d’éviter tous risques de contamination des autres couches –, et 30 000 livres (240 000 francs) à l’acquisition d’un chromatographe à gaz, associé à un spectromètre de masse.
500 clichés de craquelures
L’Institut allie toujours l’art à la science, comme en témoignent les recherches actuelles menées par le scientifique Spike Bucklow. Celles-ci reposent sur l’étude des comptes rendus que rédigeaient les collectionneurs et les experts pour l’attribution des œuvres au tournant du siècle. Parmi ceux-ci, Friedländer affirmait que l’examen des craquelures lui permettait de définir le type de support en bois utilisé et d’attribuer l’œuvre à une école. Ce premier dépouillement a été complété par 500 clichés de craquelures réalisés en macrophotographie, à la fois dans les collections anglaises et en Europe continentale. Spike Bucklow a défini des craquelures types afin d’établir des corrélations avec l’attribution des œuvres.
Cette recherche est effectuée dans le cadre d’un doctorat, sous la direction du professeur John Cage, du département d’Histoire de l’art de l’université de Cambridge. Elle apporte un nouvel élément pour la description d’un tableau et permet également de compléter les fiches des œuvres digitalisées dans les banques de données informatiques.
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L’enseignement des craquelures
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : L’enseignement des craquelures