Fermées depuis 2005, les salles des objets d’arts du Musée du Louvre s’apprêtent à rouvrir en juin et offrir aux visiteurs salons reconstitués et « period rooms ».
PARIS - C’est un nouveau parcours de près de 2 100 m2 et 35 salles que le Musée du Louvre s’apprête à rouvrir au public le 6 juin prochain, après la fermeture en 2005 des salles XVIIIe siècle du département des Objets d’arts. « Le projet est né de la nécessité de rénover des salles anciennes, qui ne répondaient plus aux normes de sécurité et dont la scénographie, astucieuse dans les années 1960, était dépassée », explique Jannic Durand, nouveau directeur du département des Objets d’arts du musée, après en avoir été directeur-adjoint. « Le projet essaie de répondre au caractère double des collections : des chefs-d’œuvre somptuaires issus des collections royales et des collections d’amateurs du XIXe et XXe siècle. »
L’ancienne muséographie était l’œuvre de Pierre Verlet, conservateur au musée de 1945 à 1972. Cette partie du département n’ayant pas bénéficié des travaux du Grand Louvre, le projet trouve donc ici son aboutissement après un chantier commencé fin 2011 et un budget de 26 millions d’euros provenant essentiellement des fonds du Louvre Atlanta (à hauteur de 6,5 millions d’euros) et du mécénat. Pour le financer, le musée a créé le Cercle Cressent rassemblant collectionneurs et amateurs d’art, sous l’égide de Maryvonne Pinault.
Le circuit s’étend sur le premier étage de l’aile nord de la Cour carrée et se divise en trois grandes séquences chronologiques, de la fin du règne de Louis XIV au classicisme du style Louis XVI. « Il s’agit d’évoquer l’évolution du style et du goût, avec l’ambition de replacer des boiseries longtemps remisées dans les réserves », commente Jacques Garcia, décorateur en charge de la scénographie.
Reconstitution de décors historiques
La visite commence avec la restitution du Petit Salon de l’hôtel Le Bas de Montargis, constitué dans les toutes premières années du XVIIIe par un grand financier et vendu par l’État à la fin du XIXe. La totalité des lambris subsistants est ici restituée dans les proportions de la salle originelle : le trumeau de cheminée était resté dans les réserves du Louvre depuis 1898, date de la vente de l’édifice. Il a fallu restaurer l’existant et restituer les parties manquantes : parquets, corniches, plafonds, cheminées, meubles d’étoffe… L’artisanat d’art a été fortement sollicité sur le chantier. Trois pièces de l’hôtel de Villemaré (également nommé hôtel Dangé) sont ainsi restituées, dont un petit salon dont les accents bleus ont été redécouverts lors de la restauration. Une magnifique coupole peinte sur toile, exécutée en 1775 dans un pavillon du Palais Bourbon pour le Prince de Condé a été restaurée, après avoir été conservée en morceaux depuis 1846 : on y découvre un décor en trompe-l’œil figurant Vénus et sa suite, illustration parfaite des décors de « folies » caractéristique de la période. La réinstallation du décor de la chambre de parade du duc de Chevreuse qui ornait l’hôtel de Luynes a été rendue possible grâce à un mécénat de 3 millions d’euros de la Société des amis du Louvre, qui jusqu’alors, n’avait participé qu’à des acquisitions. Pour présenter les objets, pièces d’orfèvrerie, meubles et porcelaines, Jacques Garcia a conçu dans la salle du Triomphe de Marie de Médicis de grandes vitrines, choisissant une présentation monumentale d’œuvres d’exception.
Les period rooms reconstituées bénéficieront de prêts d’autres départements du musée, dont des panneaux peints de Jean-Baptiste Oudry, des portraits de la famille royale ou encore des vestiges déposés par le département des Antiquités grecques pour évoquer le goût de la fin du XVIIIe pour les antiques. Une galerie d’orfèvrerie présentera une table de 5 mètres de long dressée avec le service du roi Georges III d’Angleterre réalisée en argent par Robert-Joseph Auguste en 1778-1780 : en 2011 le musée a fait l’acquisition de deux terrines pour 3 millions d’euros afin de parfaire l’ensemble et offrir une médiation cohérente sur les usages de la table.
Si le vaste projet a permis la restauration des pièces d’orfèvrerie, il reste encore des « dossiers » à ouvrir, notamment un grand chantier des collections dans les tapisseries, et des études de restauration à mener sur le mobilier de l’ébéniste Cressent, dont la marqueterie raffinée pose des problèmes techniques complexes.
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Le XVIIIe siècle retrouve son lustre au Louvre
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Abonnez-vous dès 1 €Jean Henri Riesener, Secrétaire à cylindre, 1784, bâti de chêne et de sapin, placage de sycomore, d'amarante et de bois de rose, marqueterie de bois polychromes, bronze doré, Musée du Louvre, Paris. © Photo : RMN/Martine Beck-Coppola
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°408 du 28 février 2014, avec le titre suivant : Le XVIIIe siècle retrouve son lustre au Louvre