Près de Turin, la restauration de la Venaria Reale et du parc de la Mandria pourrait exiger l’un des budgets les plus considérables jamais rassemblé pour la sauvegarde d’un ensemble patrimonial européen. Estimé à l’équivalent de 680 millions de francs, ce projet s’inscrit dans la politique de promotion des résidences et des collections de la maison de Savoie mise en place par la région du Piémont et qui a reçu l’aval de l’Union européenne.
VENARIA - Au milieu du XVIIIe siècle, la Venaria Reale s’étendait sur une superficie de 45 000 m2, dont 20 000 étaient bâtis pour un volume total de 375 000 m3. Ces chiffres justifient à eux seuls l’appellation de "Versailles du Piémont" pompeusement donnée à cette résidence de la maison de Savoie, conçue à partir de 1659 à la demande du duc Charles-Emmanuel II. Après l’architecte de la cour, Amedeo di Castellamonte, les architectes Michelangelo Garove, Filippo Juvara, Benedetto Alfieri et Giuseppe Battista Piacenza ont tour à tour participé à l’embellissement du domaine.
Transformée en caserne sous la Restauration et mise à sac durant la Seconde Guerre mondiale, par les Allemands d’abord puis par la population locale, la Venaria Reale est aujourd’hui en piteux état. Toutefois, sa restauration, sa mise en valeur et sa reconversion comptent au nombre des priorités du ministre des Biens culturels, Walter Veltroni. Celui-ci a récemment confirmé l’engagement du gouvernement italien et estimé le budget global de la réhabilitation à 200 milliards de lires (680 millions de francs) : 100 milliards seront débloqués par son ministère et par la Région du Piémont, 70 milliards seront apportés par le Loto et 30 milliards devraient être fournis par l’Union européenne – dans le cadre du programme Objectif 2 qui alloue des fonds pour la reconversion des régions industrielles en déclin –, à la condition que le projet soit soumis d’ici le 31 décembre et que les travaux s’achèvent avant la fin de 2001… Actuellement, l’église Saint-Hubert, la galerie de Diane et des pièces adjacentes sont en cours de restauration grâce à un financement de 3 milliards de lires apporté par le ministère des Biens culturels. En 1991, 75 % de la toiture et des structures en péril ont été consolidés, puis les stucs de la galerie de Diane et ceux de plusieurs pièces du pavillon nord-ouest ont été restaurés.
Quatre musées
Le projet actuel concerne l’ensemble de la résidence de Venaria Reale, ainsi que le parc de la Mandria, d’une superficie de 3 800 hectares, qui lui est contigu. Outre la réhabilitation des bâtiments construits à l’initiative de Victor-Amédée II en 1713, les espaces verts seront reboisés et une piste cyclable doublée d’une voie piétonnière y sera créée afin d’inciter les promeneurs à rejoindre le site depuis Turin. Face à l’avalanche d’idées avancées pour l’utilisation de ces immenses espaces, Walter Veltroni a tenu à souligner que la future structure devra avant tout assurer son autofinancement en tenant compte des projets relatifs aux autres résidences de la maison de Savoie situées dans la région (Villa Reale de Stupinigi, Borgo Castello della Mandria…). La Venaria Reale pourrait abriter un grand centre de formation et de recherche (restauration, muséologie, promotion des biens culturels, politique éditoriale, artisanat d’art, etc.), mais aussi organiser des concerts, des festivals, des expositions temporaires… Ce cadre permettrait d’assurer une formation de type post-universitaire à l’échelon européen pour de futurs administrateurs qui seraient hébergés à la Mandria. Celle-ci accueillerait également un Musée des Appartements royaux (en cours de réalisation), un Musée de l’agriculture en Piémont pour la création duquel les entreprises spécialisées ont donné leur accord, un Musée de la Mandria afin d’évoquer l’histoire de cette propriété, ainsi qu’un Musée des enfants.
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Le « Versailles » du Piémont
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Le « Versailles » du Piémont