Accumulant retards et problèmes de construction, la transformation du musée d’art moderne et contemporain d’Amsterdam a demandé huit années de patience. Imaginée par l’architecte Mels Crouwel, l’extension laquée blanc qui est venue se greffer sur l’édifice néogothique ne fait pas l’unanimité. La circulation entre les deux bâtiments s’effectue cependant en toute fluidité.
AMSTERDAM - Après huit ans de fermeture pour travaux, le Stedelijk Museum d’Amsterdam a enfin rouvert ses portes, le 23 septembre. Orientée dorénavant vers le Museumplein, la place que le musée partagera avec le Van Gogh Museum et le Rijksmuseum, l’institution dont l’ouverture a été reportée plusieurs fois en trois ans bénéficie aujourd’hui d’une toute nouvelle extension résolument moderne conçue par l’architecte néerlandais Mels Crouwel. À terme, le Museumplein (littéralement la « place des musées ») devrait devenir le cœur muséal d’Amsterdam.
Le chantier de réaménagement et d’extension du Stedelijk, dont le budget s’élève à environ 127 millions d’euros, a connu des problèmes de construction, attisant l’impatience des habitants d’Amsterdam. De l’extérieur, la nouvelle partie du musée, dont la forme et la surface, laquée blanc, lui ont tout de suite valu le surnom de « baignoire » (un terme revendiqué par son architecte lui-même), semble venir se greffer un peu artificiellement sur l’ancien bâtiment néogothique. Un sentiment qui s’efface très vite lorsque l’on pénètre à l’intérieur : « Il n’y a pas un ancien et un nouveau bâtiment, ils forment tous deux un seul ensemble », insiste la directrice du musée, Ann Goldstein. Et de fait, il est bien difficile dans les salles de différencier l’ancienne partie de la nouvelle, tant la circulation entre les deux bâtiments a été étudiée pour paraître la plus discrète possible. Selon Carolien Gehrels, adjointe au maire d’Amsterdam chargée de la culture, les 20 % d’augmentation par rapport au budget initial s’inscrivent dans l’investissement de la Ville pour sa culture : « Amsterdam flotte sur son architecture. Il ne faut pas hésiter à investir dans l’art et l’architecture, y compris et surtout sur la nouvelle génération. »
Vers le contemporain
Institution majeure de l’art moderne et contemporain dans la deuxième moitié du XXe siècle, le Stedelijk abrite dans ses murs une des plus belles collections d’œuvres de Malevitch, Matisse ou CoBrA, et totalise près de 90 000 œuvres. Au premier niveau, dévolu au design et aux œuvres datant d’avant 1960, le parcours se fait chronologiquement, déployant les chefs-d’œuvre des collections signés Chagall, Mondrian, Dubuffet ou Picasso, entourés parfois d’artistes néerlandais moins connus : l’accrochage est pertinent et se termine par une salle spacieuse et colorée dédiée au mouvement CoBrA. L’installation de Dan Flavin, To Piet Mondrian Through his Preferred Colours, Red, Yellow and Blue, créée en 1986 pour le musée et récemment acquise, mène le visiteur au second étage, où le parcours se fait plus librecréant des passerelles entre les artistes et leurs œuvres. « Nous avons pu personnaliser la présentation. Nous avons créé des entrées dans les galeries, et l’accrochage sera entretenu par des changements dynamiques », explique Ann Goldstein. La liberté donnée au visiteur est appréciable, même si certains peuvent se sentir perdus sans l’aide de l’audioguide : affichant des cartels sibyllins, le musée n’a pas misé sur une médiation directe.
L’établissement espère accueillir 500 000 visiteurs chaque année, un chiffre facilement atteignable en 2012 compte tenu de la fermeture des deux autres musées du Museumplein, le Van Gogh Museum et le Rijkmuseum, qui ne rouvriront que dans le courant de l’année 2013. L’exposition inaugurale, « Beyond Imagination », se veut résolument contemporaine, invitant une vingtaine d’artistes résidant aux Pays-Bas à occuper les salles de la nouvelle aile. En décembre, l’institution dévoilera une large rétrospective de l’œuvre de Mike Kelley, disparu en février dernier. L’objectif est clair : remettre le Stedelijk Museum sur les rangs des grandes institutions européennes.
Le nouveau musée a déjà à son actif quelques polémiques. Outre cette extension dont l’esthétique ne fait pas l’unanimité, l’acquisition d’une peinture de Marlene Dumas représentant Oussama Ben Laden et le don d’un portrait de la reine Beatrix par Luc Tuymans sous des traits vieillis et usés ont suscité l’émoi de quelques Néerlandais. Le musée peut se targuer de revenir avec force sur le terrain de l’art contemporain.
- Architecte : Mels Crouwel/Benthem Crouwel, Amsterdam
- Surface d’exposition supplémentaire : 10 000 m2
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Le Stedelijk Museum se réveille
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Abonnez-vous dès 1 €Museumplein 10, Amsterdam, tél. 31 20 5732 911, www.stedelijk.nl, tlj sauf lundi, 10h-18h, le jeudi jusqu’à 22h.
« Beyond imagination », jusqu’au 11 novembre, Catalogue, éd. Walther König, 88 p., 15 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°377 du 19 octobre 2012, avec le titre suivant : Le Stedelijk Museum se réveille