BABYLONE (IRAK) [12.05.10] – Une controverse entoure un programme financé par les Etats-Unis visant à restaurer l’antique et légendaire cité de Babylone. Faut-il préserver l’intégrité du site ou le transformer en attraction touristique ?
Autorités locales et responsables des antiquités irakiennes s’opposent quant à l’orientation à donner au programme de restauration de la ville antique de Babylone. D’après l’AFP, le différend pose la question de savoir si la priorité doit être donnée à la conservation du site ou réaliser un bénéfice commercial avec l’exploitation touristique du site.
La ville antique fait actuellement l’objet d’un vaste programme de restauration financé à hauteur de 700 000 dollars par le Département d’Etat américain et réalisé par le World Monument Fund (WMF), un organisme privé voué à la sauvegarde des plus importants sites architecturaux dans le monde.
Fondée au IIIe millénaire avant J.-C., Babylone devient célèbre il y a 4000 ans avec le fameux code d’Hammourabi – dont la stèle est conservée au Louvre. Plusieurs fois conquise, détruite et reconstruite, elle devient la plus grande ville du monde sous le règne de Nabuchodonosor II en 600 avant J.-C. Celui-ci y construit les célèbres jardins suspends, une des sept merveilles du monde et la monumentale porte d’Ishtar à l’entrée de la ville.
Plus précisément, les autorités locales veulent de rapides travaux pour restaurer les ruines et commencer le plus rapidement possible la construction d’équipements tels que des restaurants ou des boutiques pour attirer les touristes. Maintenant que la zone est sécurisée, les fonctionnaires provinciaux sont impatients de voir venir de nombreux visiteurs sur le site – avec leur argent.
Les responsables des antiquités de Bagdad sont favorables à une approche plus minutieuse et de long terme pour éviter les erreurs de restauration souvent criardes effectuées par le passé. Dans les années 1980, le site a été reconstruit par Saddam Hussein, à l’aide de briques jaunes modernes sur les monuments – certaines marquées au nom de l’ancien dictateur – qui ont endommagé la structure d’origine en briques de terre, déjà fragile.
Les ruines de la ville millénaire ont également beaucoup souffert depuis le début de la guerre en 2003. Reconverti en base militaire américaine et polonaise jusqu’en 2005, le site a été considérablement endommagé. En 2009, un rapport de l’Unesco faisait état de nombreuses dégradations. A cela s’ajoute la détérioration des parties basses des murs rongés par la crue des eaux provenant des structures agricoles environnantes.
Pour Jeffrey Allen coordinateur du projet au WMF, cela ne sert à rien de précipiter les choses. Les investissements viendront par la suite. Lui et le conseil des antiquités préfèrent mener à bien le programme de restauration sur le long terme pour faire de Babylone un modèle pour des projets futurs et surtout obtenir le classement du site au patrimoine mondial de l’Unesco.
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Le projet de restauration de Babylone tiraillé entre préservation et profit
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