La ville dont le maire est Jack Lang souhaite confier au secteur privé pour une longue durée (quinze ans peut-être) la gestion de l’accueil du public au château et au Musée de Blois. Il s’agirait d’une première en France pour un patrimoine d’une telle importance. La société Culture Espaces pourrait emporter ce contrat, faute de concurrents sérieux prêts à investir dans une région en déclin touristique.
BLOIS - Le conseil municipal de Blois a constaté le caractère infructueux du second appel d’offres à concession de service public lancé par la Ville pour la gestion de son château royal. Portant exclusivement sur le château-musée, il inclut la promotion et la communication ainsi que les services d’accueil, de gardiennage, de billetterie, la cafétéria, le spectacle son et lumières, la location d’espaces… Cette dernière consultation était de nature différente de la précédente, qui comprenait en outre la Halle aux Grains, l’organisation de congrès et la Maison de la magie.
Seule la société Culture Espaces, filiale de la Lyonnaise des Eaux, des Mutuelles du Mans et d’Havas, reste en lice. À partir de la délibération municipale attestant de l’échec de la consultation, une négociation directe a pu s’engager entre l’entreprise privée et la municipalité. Pour l’équipe de Jack Lang, la gestion directe d’un tel établissement par la Ville est une gageure, et un investissement privé, financier et en savoir-faire, s’impose. "Nous souhaitons dissoudre la société d’économie mixte qui gère en particulier le son et lumière, assure Antoine Favron, adjoint à la culture, et confier tout ce qui ne touche pas à la conservation à un délégataire qui puisse investir beaucoup, y compris dans la restauration de l’aile Gaston d’Orléans, entièrement disponible".
Le maintien des prérogatives du chef d’établissement
Les adversaires du projet font valoir que le budget d’environ 8 millions de francs du château-musée est équilibré et, surtout, que le maintien des prérogatives d’un conservateur, chef d’établissement, n’est pas acquise. Leur crainte est fondée notamment sur l’absence de tout membre de la conservation dans l’élaboration de cet appel d’offres. Une telle concession serait lourde de symbole puisque le château royal de la ville a été l’un des premiers monuments français dont la France décidait la protection en 1837.
Enfin, si parmi les sites et établissements actuellement gérés par la société Culture Espaces, le Palais des Papes à Avignon ou le château de Valençay dans l’Indre ne soulèvent que peu d’objections, la Fondation Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat – dont la gestion complète, y compris celle des collections, a été concédée par l’Académie des beaux-arts – a été l’objet de critiques de la part de la Société des amis du musée pour certaines décisions relatives à la muséographie. À Culture Espaces, qui gère également depuis quelques jours l’accueil du Musée Jacquemart-André, on ne semble pas disposé à signer pour Blois à n’importe quel prix.
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Le privé sort du Blois
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Le privé sort du Blois