Deux tableaux d’Antonello de Messine datant vraisemblablement des années 1470 sont sur le point de rejoindre la Galerie des Offices de Florence après une campagne de restauration de quatre ans. Les panneaux, dont le prix prohibitif avait été critiqué, semblent faire partie d’un polyptyque aujourd’hui démembré.
FLORENCE (de notre correspondante) - Six ans après leur acquisition par l’État italien, les deux tableaux d’Antonello de Messine (1430-1479), représentant La Vierge avec l’enfant Jésus et les anges et Saint Jean l’évangéliste ont fait leur entrée dans les salles des Offices de Florence. Ces deux pièces issues de l’héritage Bardini et restaurées par l’Istituto centrale per il restauro (ICR) faisaient jadis partie d’un polyptyque, démembré entre le château Sforza (où se trouve un Saint Benoît, présenté en 1995 par Federico Zeri) et la Galerie régionale de Sicile à Palerme qui conserve les trois volets supérieurs représentant Saint Jérôme, Saint Grégoire et Saint Augustin. Au cours de ces dernières années, des polémiques avaient opposé les partisans de l’acquisition – Antonio Paolucci, autrefois ministre de la Culture, et Fiorella Sricchia Santoro, spécialiste du polyptyque – à ceux qui jugeaient le prix payé excessif (8,2 millions d’euros, alors que le Saint Benoît avait coûté trois fois moins cher). En outre, le médiocre état de conservation des tableaux leur avait valu d’être qualifié de “confetti” par Carlo Bertelli dans les colonnes du quotidien La Repubblica. Plus récemment, Alvar González Palacios a ranimé la controverse dans le journal Il Sole 24 ore, en définissant les Antonello comme “des fantômes, plutôt que des œuvres d’art”.
Découverts et attribués au début des années 1980 par Carlo Volpe, les panneaux avaient été alourdis de repeints maladroits vraisemblablement au XVIIIe siècle : la Vierge était alors devenue abbesse. Intervenant sur les tableaux après plusieurs campagnes de restauration ayant eu lieu en 1978 puis en 1981, l’ICR s’est attelé à résoudre les problèmes structuraux dus aux parties ajoutées (les tableaux dans les marges inférieures des panneaux et sur le côté de Saint Jean), à régénérer la couche picturale, mais également à harmoniser les repeints avec les parties originales. Ainsi, la réintégration en hachure des parties abrasées ou disparues donnent aux deux tableaux des tons plus limpides et plus brillants, des nuances qui, associées à la conception unitaire de l’espace, ont permis à Fiorella Sricchia Santoro de dater les œuvres du début des années 1470. Si les deux tableaux appartenaient effectivement au polyptyque démembré avec le Saint Benoît de Milan et les trois volets de Palerme, il pourrait alors s’agir de cette “grande icône” disparue, exécutée par Antonello pour l’église Saint-Jacques de Caltagirono entre 1472 et 1473. Maintenant que ces œuvres ont trouvé leur emplacement définitif, les visiteurs et spécialistes peuvent, selon Antonio Paolucci, “juger de leurs propres yeux”.
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Le mystère s’éclaircit aux Offices
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°147 du 19 avril 2002, avec le titre suivant : Le mystère s’éclaircit aux Offices