MUSÉE

Le Musée Pouchkine s’ouvre à l’art numérique

Un site Web russe est le principal mécène de cette nouvelle collection.

Moscou. Le grand musée moscovite d’art occidental a présenté le 26 février le lancement de sa collection « média art » au sein d’un programme intitulé « Pouchkine XXI ». Il s’agit d’une nouvelle collection d’œuvres retraçant l’émergence de cette discipline artistique fondée sur les nouvelles technologies (numérique, virtuel, Internet, vidéo, robotique…). La directrice du Musée Pouchkine, Maria Loshak, a rappelé la volonté du musée de rajeunir son public et de dépoussiérer son image. « À l’issue de ces quatre années [passées à la direction], j’ai réalisé que nous ne faisons jamais assez confiance à notre public. Nous avons toujours peur qu’il soit trop conservateur et fermé à l’art contemporain. » Dès lors, le projet est de rendre le musée « contemporain, créatif, en dialogue avec les visiteurs. Nous voulons un art vivant dans un musée vivant ».

Derrière cet optimisme de façade, le musée prend cependant quelques précautions pour faire passer ces innovations auprès d’un public moscovite encore peu habitué à l’irruption du XXIe siècle dans les murs de l’auguste musée. Le choix s’est porté sur des œuvres permettant de trouver facilement une filiation avec l’art ancien, ainsi que sur des œuvres signées de noms connus. Les premiers artistes à entrer dans la collection seront les Américains Jonas Mekas (1922) et Gary Hill (1951), la Norvégienne Marianne Heske (1946) et le groupe russe « Provmyza ». Trois œuvres vidéo du groupe (duo composé de Galina Myznikova et de Sergueï Provorov) étaient déjà installées dans un recoin de l’« aile grecque » du musée : Désespoir (2008), Enthousiasme (2010) et Éternité (2011). Lesquelles font de manière très évidente référence à des œuvres de Giacinto Gigante ou de Jean-François Millet. Selon Olga Shishiko, qui dirige le département cinéma et média art du musée, ces œuvres ont été acquises grâce à l’argent de mécènes sans un « kopeck » venant du ministère de la Culture. On connaît la réticence de ce dernier à financer l’art contemporain. « Le ministère nous donne à peine de quoi verser les salaires et régler l’électricité », confie Olga Shishko.

C’est Mail.ru Group, un géant de l’Internet russe, qui est le principal mécène de cette nouvelle collection. « L’art contemporain intéresse le noyau de notre clientèle, qui est à la recherche de programmes culturels. Le Musée Pouchkine est le partenaire idéal pour nous grâce à la profondeur de leur expertise », explique le vice-président de Mail.ru Group pour la communication, Alexandre Karmaïev. Les artistes ont également contribué. Ainsi, sur les quatre œuvres vidéo de Gary Hill, seule l’une d’entre elle a été achetée, les autres ayant été données par l’artiste.

L’art des nouveaux médias est promis à un bel avenir en Russie, au moins pour des raisons pratiques : étant immatériel, son transport ne coûte rien et il n’est pas astreint aux casse-tête juridiques que sont les sanctions internationales, les taxes et frais de douane russes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°497 du 16 mars 2018, avec le titre suivant : Le Musée Pouchkine s’ouvre à l’art numérique

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque