Le Musée d’Ornans s’offre Delacroix

« Tout est parti d’une conversation avec Claire Bessède qui était réticente à mettre en réserve les collections pendant la fermeture du Musée Delacroix » explique Laurence des Cars lors de la signature du partenariat avec le Département propriétaire du Musée d’Ornans. Le Musée Delacroix va en effet fermer pendant 6 mois en septembre prochain afin de réaliser des travaux dans les locaux des agents et sa directrice cherchait une solution pour présenter les œuvres.

Parmi les différents musées susceptibles d’accueillir une partie des collections du Musée Delacroix, le Musée départemental Courbet à Ornans s’est imposé malgré les apparences : Courbet (1819-1877) appartient à la génération suivante de celle de Delacroix (1798-1863) et la peinture du chef de file des réalistes a peu à voir avec celle du principal représentant du romantisme. En revanche les deux musées ont la même généalogie, celui de la place Fürstenberg à Paris fut la demeure atelier de Delacroix, tandis que le Musée d’Ornans est installé dans la maison natale de Courbet. Et l’un et l’autre ont longtemps été portés par des sociétés d’amis.

Circonstance particulière et décisive : Laurence des Cars a été la co-commissaire de la rétrospective Courbet du Grand Palais en 2008 et a noué des liens particuliers avec le musée modernisé en 2011 lorsqu’elle était directrice du Musée d’Orsay.

Une soixantaine d’œuvres vont ainsi être prêtées en octobre prochain à Ornans pour une exposition qui tentera de mettre en lumière la relation jusqu’ici peu étudiée entre les deux peintres. « Elle se déploiera sur les 300 m² des salles d’exposition temporaire avec quelques œuvres dans le parcours permanent », explique le jeune (32 ans) et déjà expérimenté directeur du pôle Courbet, Benjamin Foudral qui promet par ailleurs un catalogue scientifique étoffé. « Les deux artistes ont chacun dans leur registre véritablement bouleversé la peinture française » souligne Laurence des Cars. « Un tel dialogue va permettre de voir les deux œuvres sous un nouvel angle » ajoute Claire Bessède.

Ce partenariat avec le Louvre (*) est une véritable aubaine s’enthousiasme Christine Bouquin, la président (LR) du conseil départemental du Doubs, d’autant qu’il entre facilement dans les 860 000 euros alloués annuellement par le Département au pôle Courbet pour sa programmation. Le fait que les œuvres viennent d’un seul prêteur fait faire de sérieuses économies sur les coûts de logistique. 

Le Département gère deux sites patrimoniaux qu’elle entend mieux faire connaître : la Saline d’Arc-et-Senans (confiée à un établissement public) et le « Pôle Courbet ». Ce dernier est composé de l’Atelier du peintre qui vient d’ouvrir au public après restauration, d’un centre de documentation en devenir, de la ferme de Flagey (la ferme familiale de Courbet), de sentiers de randonnée qui empruntent les chemins du peintre et du Musée Courbet en plein centre d’Ornans installé dans plusieurs bâtiments rassemblés. Rachetée par le Département en 1976, la maison natale de Courbet a bénéficié de deux importantes campagnes de restauration, l’une de 2003 à 2011 et l’autre en 2020. Il abrite une belle collection de tableaux et manuscrits de Courbet, dont Le chêne de Flagey acquis en 2013.

Ce partenariat s’inscrit dans une politique territoriale du Louvre que sa présidente-directrice souhaite plus « lisible » et plus ciblée afin d’avoir plus d’impact. Elle signe aujourd’hui même (jeudi 15 décembre 2022) un autre partenariat de prêt d’œuvres accompagné de l’expertise des conservateurs du Louvre avec le Musée de Dijon.