REIMS
La Ville prévoit de restaurer les anciennes halles du Boulingrin, fleuron de l’architecture en béton armé. Pressenti pour y être en partie installé, le Musée des beaux-arts devrait finalement se contenter d’à-côtés.
REIMS - Rasée à 90 % pendant la Première Guerre mondiale, Reims a été reconstruite dans les années 1920-1930 et possède de très beaux exemples d’architecture Art déco. Parmi ce patrimoine, souvent méconnu des habitants eux-mêmes, il est un lieu d’exception : les halles du Boulingrin. Chef-d’œuvre de l’architecture en béton armé, composées d’une grande nef, les halles ont été conçues par l’ingénieur Eugène Freyssinet en 1927 dans la partie nord du centre historique. Sauvées de justesse en 1988 (la Ville avait décidé de les raser pour y construire un palais des congrès), elles furent finalement classées monument historique en 1990. Après moult tergiversations et projets culturels en tout genre, l’idée d’y installer le Musée des beaux-arts de la ville avait fini par séduire la Mairie, qui avait confié une étude de faisabilité à l’architecte Isabelle Crosnier (étude remise en juin dernier). L’installation d’une partie du musée au sein des halles du Boulingrin s’inscrivait dans un vaste projet de rénovation urbaine autour des halles, près de la place de la République et de la porte de Mars. Actuellement confiné dans les locaux vétustes et mal entretenus du cloître Saint-Denis, le musée devait installer dans les anciennes halles du Boulingrin ses espaces d’expositions temporaires, son auditorium et ses réserves (en sous-sol), ainsi qu’une éventuelle boutique et qu’une cafétéria ouverte sur l’extérieur. Les collections permanentes auraient, quant à elles, pris place dans un bâtiment attenant, construit après un concours d’architecte. « Cela permettrait d’enrichir le parcours muséographique actuel. Outre les points forts des collections – les XVIIe et XIXe siècles –, nous voudrions développer une partie du musée autour de la période Art déco, et une autre autour du Grand Jeu, ce courant du XXe siècle redécouvert depuis peu, autour duquel nous sommes en train de constituer un fonds important », précise David Liot, dirigeant le musée depuis six ans. Peu visité malgré son incroyable collection, le musée, actuellement à l’ombre de la cathédrale de Reims, pourrait enfin bénéficier d’une position stratégique, puisque tout proche du futur tramway et de la gare TGV qui reliera Paris en 2007. Ce grand projet (restauration des halles, édification et installation du musée, création d’un parking et aménagement d’un parvis), estimé à 43 millions d’euros, impliquait en outre la réhabilitation du quartier avec restauration des façades Art déco et construction d’un marché couvert sur la place.
Luttes de pouvoir
Cependant, à la suite de pressions locales, l’idée d’installer le musée dans les anciennes halles serait aujourd’hui abandonnée. Les habitants auraient clairement fait savoir à la ville qu’ils souhaitaient retrouver un véritable marché. Les nouvelles normes européennes ne permettant pas l’installation d’un marché de gros dans les lieux, un marché de détail pourrait y être organisé une à deux fois par semaine. Les élus ont cependant décidé que le nouveau Musée des beaux-arts pourrait néanmoins s’installer sur la place du Boulingrin, avec, pourquoi pas, la construction d’une « passerelle permettant de relier directement le musée aux halles, comme cela était prévu dans le projet de juin 2005 », précise Mario Rossi, adjoint au maire, chargé de la culture. Encore faudra-t-il que l’actuel ministre de la Culture donne son feu vert. Chargé de financer les travaux à parité avec la Ville, le ministère semble plus attentif aux luttes internes que se livrent déjà les prétendants au siège de maire de Reims pour les municipales de 2008 : l’actuel maire, Jean-Louis Schneiter (Divers droite), et deux ministres candidats : Catherine Vautrin (UMP, ministre déléguée à la cohésion sociale, députée de la Marne) et Renaud Dutreil (UMP, ministre de la Fonction publique). Ce dernier ne semble pour sa part pas favorable au projet. Pourtant, la rénovation du Musée des beaux-arts de Reims, bientôt à 3 heures 15 minutes de Nantes et à 45 minutes de Paris en TGV, pourrait relancer la dynamique culturelle de Champagne-Ardenne, dernière région à ne pas avoir rénové ses plus grands musées…
- Superficie : 11 700 m2 (5 000 m2 au sol et même chose en sous-sol, 1 700 m2 pour la mezzanine) - Budget global de leur rénovation : 43 millions d’euros (7 millions d’euros pour restaurer les halles, 26 millions d’euros pour un nouveau Musée des beaux-arts, 1 million pour un parvis et 9 millions pour un parking)
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Le Musée de Reims au cœur d’un grand marché
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°227 du 16 décembre 2005, avec le titre suivant : Le Musée de Reims au cœur d’un grand marché